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PASCAL ET DESCARTES

LES EXPÉRIENCES DU VIDE (1646-1651).


(Fin[1].)

V. Cause scientifique de la suspension du vif-argent.

Descartes aussi cependant n’a-t-il pas bien mérité de la science, même de la science positive, et non pas seulement de cette science plus grandiose et plus séduisante, qui garde de son étroite parenté avec la philosophie un caractère toujours un peu hypothétique ? Descartes reconnaissait que l’air est pesant, chose contestée par nombre de ses contemporains. En outre il attribuait à cette cause la suspension de l’eau dans les pompes, ou du vif-argent dans certains tuyaux. Bien plus, ne s’est-il pas vanté lui-même plus tard d’avoir indiqué à Pascal, comme moyen de vérifier cette dernière conjecture, la fameuse expérience du Puy-de-Dôme ?

Distinguons encore ici deux choses : la conjecture, et l’expérience qui la vérifia ; et examinons-les séparément.

En septembre 1647, Pascal ignorait quelle était à ce sujet l’opinion de Descartes, puisque, à la demande de M. Auzout, il s’en informe auprès du P. Mersenne ; et même il attribuait au philosophe une opinion toute différente de celle que celui-ci avait réellement, puisqu’il le croyait ennemi de la colonne d’air. Donc la véritable cause était au moins soupçonnée à ce moment par Pascal et ses amis, et ce soupçon qu’ils en avaient, ils ne le devaient pas à Descartes. Aussi, quelles que soient les lettres que celui-ci ait écrites auparavant là-dessus, on peut croire que Pascal n’en a pas eu connaissance. M. Petit lui-même, tout converti qu’il fût aux idées cartésiennes, ne les connaissait pas davantage, comine il parut bien à l’incertitude de ses discours, lorsqu’il essayait d’expliquer l’expérience d’octobre 1646 à Rouen.

Est-ce à dire que Pascal ait songé le premier à attribuer à la pe-

  1. Voir le numéro de décembre de cette Revue.