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matisation dans les impressions. Peut-être dans certains états anormaux comme la folie trouverait-on dans les images des discordances plus fréquentes, mais si les états anormaux sont intéressants et extrêmement utiles pour connaître l’esprit, ce n’est pas en eux qu’on peut trouver les lois générales du fonctionnement normal de l’esprit. En fait, ils nous montrent clairement le rôle que joue dans l’esprit la coordination systématique des phénomènes en nous montrant ce que l’esprit devient quand cette coordination disparaît. Il disparaît progressivement avec elle. On pourrait appliquer à tous les phénomènes qui sont à la fois unifiés et complexes ce que je dis ici de la perception en général. Je n’insiste pas, pensant qu’il n’y a là aucune difficulté.

VII

Ainsi, ni au point de vue de l’analyse, ni au point de vue de la synthèse, ni pour les formes les plus élevées de l’esprit, ni même pour les formes les plus basses, l’associationnisme, les lois de la ressemblance et de la contiguïté ne nous ont paru une explication suffisante. Partout nous avons été amenés à reconnaître une loi d’organisation bien différente selon laquelle sont associés et systématisés non pas les phénomènes contigus ou semblables, mais bien les éléments psychiques capables de concourir à un effet commun ou ayant entre eux des rapports de finalité et d’association systématique. Nous avons cru pouvoir ramener toutes les associations par ressemblance et contiguïté à des associations par système. Peut-être dois-je faire ici quelques réserves. Selon que l’on défend ou que l’on attaque une théorie on est généralement porté à lui faire une part trop grande ou à la lui faire trop petite. Je ne pense pas me tromper en affirmant que les psychologues anglais ont fait beaucoup trop grande la part des deux lois d’association qu’ils ont principalement étudiées. Je ne voudrais pas affirmer aussi fortement que je ne suis pas tombé dans l’excès inverse en ne trouvant nulle part la contiguïté et la ressemblance comme fondement de l’association. Cependant, pour le moment, en y réfléchissant, la théorie que j’émets me paraît juste. Pour en donner brièvement les principales raisons qui m’ont conduit à l’adopter, je vais résumer à un point de vue général les principales objections qui peuvent être faites à l’associationnisme ainsi que l’interprétation possible des relations de contiguïté et de ressemblance dans la théorie de la systématisation.

Au point de vue de la psychologie générale, l’homme doit être envi-