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laires. Cette analyse a été faite par la physiologie et je n’avais qu’à me laisser guider par elle.

Quand nous faisons un mouvement ou quand on imprime à nos membres ou à notre corps un mouvement communiqué, nous avons un certain nombre de notions, de sensations que je vais énumérer. Ces sensations nous font connaître :

L’étendue ou l’excursion du mouvement qui correspond au degré de raccourcissement du muscle ;

La vitesse du mouvement et les variations de cette vitesse ;

La durée du mouvement ;

La direction du mouvement ;

La force ou l’énergie de la contraction, qui se gradue d’après la résistance opposée au mouvement et peut se mesurer par des poids.

Nous avons aussi la notion de la situation de nos membres et de notre corps.

Enfin nous avons la notion des déplacements passifs imprimés à notre corps et à nos membres par une cause extérieure à nous.

Dans cette communication préliminaire, je ne m’occuperai que des deux points suivants :

L’étendue du mouvement ;

La direction du mouvement.

Je réserve pour une communication ultérieure les expériences sur la vitesse, la durée, la résistance et sur la situation des membres. Du reste, même pour ce qui concerne l’étendue et la direction du mouvement, je n’entrerai pas dans les détails et me contenterai, pour le moment, de donner les conclusions générales auxquelles je suis arrivé. Les détails des expériences seront donnés plus tard dans un travail d’ensemble sur la mémoire des sensations musculaires.

Les procédés que j’ai employés sont les suivants :

1o Expériences sur l’étendue du mouvement. — Je trace, les yeux fermés ou dans l’obscurité, une première ligne sur un tableau noir ou sur une feuille de papier, soit 1 ; puis en conservant toujours les yeux

[Image à insérer]

fermés, et sans avoir vu la première ligne, 1, j’en trace à côté, une seconde, 2, à laquelle je cherche à donner la même longueur exactement qu’à la première. Cette seconde ligne, 2, je la reproduis soit immédiatement après la première, soit au bout d’un temps variable, 5, 10, 15… 50 secondes et au delà. Je vois ainsi au bout de combien de temps disparaît le souvenir du mouvement musculaire qui a tracé la première ligne. Pour pouvoir distinguer plus tard ces deux lignes,