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sées ensemble à la physique ; il s’appliquerait à ce corps parfaitement un de connaissances qui forme la science de l’esprit comme représentatif du milieu par le moyen de l’organisme, et à ce titre il trouverait son application éminente dans la théorie des formes de l’intuition, équivalents psychiques des relations universelles entre les choses ; il désignerait l’étude de cette double réflexion du monde dans le corps et dans la conscience (l’organisme préparant l’élaboration de l’esprit et lui livrant des matériaux déjà coordonnés), l’étude de cette métaphysis qui s’ajoute — quelle que soit d’ailleurs la signification d’une telle addition — à la physis préexistante et indépendante. En un mot, comme la Physique est la science de l’Univers représentable, la Métaphysique serait la science de l’Univers représenté ; et l’absence dans le premier univers de ces deux grands faits solidaires et constitutifs de toute représentation : l’Adaptation et la Pensée, suffirait pour assurer à la distinction des deux sciences une valeur absolue. Car jamais, quoi qu’on fasse, et quoi que l’avenir nous réserve sur la question des origines de la vie, on ne pourra assimiler, au point de vue logique, un système de phénomènes d’où ces deux éléments sont absents à un système où ils se trouvent constamment à un degré quelconque. Par conséquent, comme il y a en réalité deux natures, ou deux ensembles de faits formellement distincts et dont le premier va sans le second, bien que la réciproque ne soit pas vraie, il doit y avoir deux grandes divisions de la science répondant à ces deux ensembles : d’abord, la science du monde sans relations et primordial, qui se développe sans se réfléchir lui-même ; puis la science du monde relationnel et postérieur, qui s’adapte au premier et qui pense le premier.

Composée, dans ses éléments constitutifs, de faits biologiques et de faits psychologiques, notre nouvelle métaphysique ne se confondrait pourtant pas tout à fait avec ces sciences. Elle est plutôt le résultat dernier vers lequel convergent leurs données respectives, leur union fondée sur la nature même des choses (à savoir sur l’indissolubilité de la Vie et de la Pensée), la fin commune qui fait d’elles un groupe de notions un et concret. Elle ne constituerait leur somme que si ces sciences se subordonnaient strictement, dans leur développement, à la méthode et au programme qu’elle leur imposerait. Elle ne serait partiellement ni l’une ni l’autre, elle serait leur orientation vers le but collectif le plus élevé qu’elles puissent se proposer. D’un côté, en effet, la biologie pure étudie bien les lois de l’organisme, c’est-à-dire l’image corporelle du milieu ; mais elle ne tient pas compte de la représentation supérieure que cette première image annonce et dont elle s’accompagne déjà plus ou moins ; elle fait abstraction de cette coordination plus réduite et plus cohérente à la fois qui se nomme la conscience. Notre science, qui a précisément pour objet la liaison et le progrès de ces répercussions successives du milieu dans l’être représentateur, ne saurait donc se confondre avec la simple science de la Vie.

La psychologie, de son côté, si elle ne peut s’édifier sans tenir compte