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sur l’imputabilité et la responsabilité). D’autre part, sur l’analyse des fonctions intellectuelles, c’est-à-dire sur cette partie qui constitue le fond même de l’ouvrage de Wundt, il ne peut naturellement s’étendre avec autant de détails que le philosophe allemand ; cependant il étudie soigneusement tout ce qui est essentiel, de telle sorte qu’il serait même possible que son livre, plus sobrement écrit, rendit plus de services, non pas sans doute aux psychologues de profession, mais à des étudiants ; il fait d’ailleurs un certain nombre d’emprunts à Wundt.

En ce qui concerne l’étude des conditions physiologiques nécessaires au développement des activités psychiques, l’œuvre de M. Sergi n’est pas plus complète que celle de Wundt. Les travaux poursuivis dans ces dernières années sur les fonctions de l’encéphale, sur l’hypnotisme et sur les maladies du système nerveux et sur celles de l’esprit, présentent pourtant au psychologue un très grand nombre de faits d’un haut intérêt et d’une grande portée. On remarquera même, à ce propos, que les notions de physiologie que M. Sergi a par endroits introduites dans son livre ne semblent pas toujours faire corps avec le reste ; elles paraissent plutôt se juxtaposer à la psychologie que la pénétrer. Il y a d’ailleurs plus d’un point sur lequel M. Sergi n’est pas très exactement, ni surtout complètement informé, par exemple relativement aux fonctions cérébrales proprement dites et aux divers phénomènes physico-chimiques qui accompagnent l’activité cérébrale.

Ainsi se produit un fait qui ne laisse pas d’étonner. C’est par la physiologie et par la médecine (étude des maladies du système nerveux, progrès considérables faits dans cette partie de la pathologie) que depuis quinze ou vingt ans la psychologie s’est renouvelée. Comment se fait-il alors que deux grands ouvrages récents, écrits dans le dessein d’exposer cette psychologie nouvelle, en laissent une portion si considérable, à tous égards, en dehors d’eux ? Si M. Sergi n’est ni un physiologiste, ni un neuro-pathologiste de profession, et par suite a pu ne pas toujours apercevoir clairement la relation entre les phénomènes nerveux et tout un ordre de faits psychiques, Wundt, on le sait, est un physiologiste expérimentateur justement renommé et qui a évidemment réfléchi sur toutes les conséquences des théories physiologiques. Il n’est cependant guère admissible que ces deux auteurs aient cru qu’ils ne pouvaient tirer de la physiologie que ce qu’ils en ont tiré, ni établir une union plus étroite entre cette science et la psychologie. Il est plutôt à croire qu’ils ont jugé préférable d’étudier d’abord sur les données nouvelles et de refaire cette partie de la psychologie qui traite des représentations, du raisonnement, etc., bref, l’intelligence et ses mécanismes, ce travail, aussi bien, devant être fécond en résultats apparents et indiscutables. De là toutes les considérations consacrées aux résultats des recherches concernant la mesure des sensations, la durée et la mesure des actes psychiques élémentaires et complexes, les modes de formation des représentations, etc. Mais on ne Saurait trop faire remarquer que la psycho-physiologie est beaucoup