Page:Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome XXV, 1888.djvu/42

Cette page n’a pas encore été corrigée


L’ASSOCIATIONISME & LA SYNTHÈSE PSYCHIQUE


Il y a dans tout composé quelque chose qui ne peut se retrouver dans ses éléments, à savoir l’ordre même de ces éléments, leurs relations réciproques et les résultats généraux qui en dérivent. C’est la connaissance de ces faits et de ces lois, résultant de la combinaison des éléments, qui constitue véritablement la connaissance d’un composé. Je n’hésite pas à croire que l’homme qui aurait en un tas, sous les yeux, tous les matériaux d’une pendule, mais qui ne pourrait la reconstituer soit réellement, soit idéalement, connaîtrait bien moins la pendule que l’homme qui verrait simplement l’extérieur de la pendule et qui saurait que sa fonction est de marquer les heures. La connaissance des éléments, utile et même nécessaire pour comprendre pleinement la nature du composé, et pour la diriger, pour la modifier au besoin, doit toujours s’associer à la connaissance des relations de ces éléments, et à la loi particulière qui exprime la nature propre et spécifique d’un objet en énonçant le résultat général des relations de ces éléments.

Deux écueils sont à éviter dans la construction d’une science, l’empirisme et la métaphysique : la métaphysique consiste essentiellement dans une interprétation, dans une explication vicieuse du consensus des éléments ; l’empirisme consiste dans la suppression de ce consensus. En biologie, par exemple, la métaphysique consistera à expliquer l’unité du corps humain et les relations des organes par une entité quelconque, principe vital, archée, etc. ; l’empirisme consisterait à supprimer la loi d’ordre et d’harmonie à laquelle se conforment les phénomènes vitaux, à ramener les procédés vitaux à des phénomènes physico-chimiques, et ceux-ci à des phénomènes mécaniques, et à croire que l’on a ainsi trouvé tout ce qu’il y avait à chercher. Sans doute, la réduction des phénomènes vitaux aux phénomènes physico-chimiques et de ceux-ci aux phénomènes mécaniques est désirable, si elle est possible ; mais, alors même que l’on aurait réduit à une formule mathématique tous les phénomènes matériels qui constituent la vie, il resterait encore à