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vement. De cette conclusion découlent trois corollaires principaux, le corollaire physique, le corollaire biologique et le corollaire psychologique, qui sont examinés dans la seconde partie de l’ouvrage. Dans le chapitre sur le corollaire physique, M. Herzen étudie la production de chaleur liée à l’activité psychique ; dans le chapitre sur le corollaire biologique, il tâche d’établir qu’il n’existe pas de spontanéité biologique absolue et, dans le chapitre sur le corollaire psychologique, qu’il n’existe pas de spontanéité psychique absolue, de libre arbitre. Dans la troisième partie enfin, l’auteur traite de la conscience et de la personnalité. Il rattache la conscience à la désintégration des actes nerveux centraux lorsque cette désintégration atteint une certaine intensité.

Je n’insiste pas sur les théories de M. Herzen, la plupart ont été exposées par leur auteur ou analysées ici même et toutes sont bien connues de nos lecteurs, M. Herzen s’étant à peu près borné à donner dans son nouvel ouvrage un exposé ou un résumé de ses travaux antérieurs. Il a composé ainsi un livre intéressant, facile à lire, mais un peu incomplet, il me semble, si l’on tient compte du titre, pour une collection qui paraît surtout destinée à la vulgarisation, et dans lequel peut-être les faits ne tiennent-ils pas partout une place suffisante, si abondants qu’ils soient en certains chapitres. Signalons en terminant la métaphysique substantialiste de M. Herzen, qui adopte le monisme et considère la matière et l’esprit comme les manifestations d’une même réalité inconnue, bien que ce système, dit-il, soit hypothétique et ne puisse jamais avoir ainsi qu’une probabilité plus ou moins grande.

Fr. P.

Ernest Naville. — La philosophie et la religion. — 1 vol.  in-32, 96 p. ; Lausanne, Arthur Imer, 1887.

M. Ernest Naville, après avoir étudié les rapports de la philosophie et de la religion dans un cours public, fait à Genève en 1871, puis dans la revue le Chrétien évangélique, en 1873, leur a consacré un volume de la Petite bibliothèque du Chercheur que publie M. Imer, l’éditeur bien connu de Lausanne. Ce sujet a été traité trop souvent pour qu’il soit possible de n’en dire que des choses neuves ; il nous semble toutefois que M. Naville a su, par un privilège réservé aux vrais penseurs, marquer son ouvrage d’un cachet personnel : c’est ce que montrera, nous l’espérons, une rapide analyse.

La question de la séparation de la philosophie et de la religion est traitée brièvement, car il y a forcément des relations, d’une nature ou d’une autre, entre des solutions diverses d’origine, mais se rapportant, partiellement au moins, aux mêmes objets. La philosophie ne peut, d’ailleurs, laisser de côté un fait aussi considérable que la religion, dont elle est tenue de constater et de chercher à expliquer la réalité et l’influence. Au point de vue social, la séparation de la philosophie et de la religion