Page:Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome XXV, 1888.djvu/231

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
221
notes et discussions

gène de cellules irritables. La réaction motrice à l’irritation extérieure constitue leur vie de relation. L’irritabilité est leur vie tout entière, mais c’est déjà de la vie psychique ; de sorte que l’irritabilité cellulaire peut être considérée comme la vie psychique élémentaire. »

Ainsi qu’on a pu le voir par la lecture de mon travail, je suis arrivé à une conclusion diamétralement opposée ; j’ai montré que chez les micro-organismes animaux et végétaux, on trouve des phénomènes psychiques qui dépassent de beaucoup en complexité les phénomènes de l’irritabilité cellulaire.

En donnant à la psychologie de ces êtres microscopiques le nom de psychologie cellulaire, je n’ai pas inventé une expression nouvelle, ni donné un sens nouveau à une expression ancienne. M. Haeckel, bien avant moi, a fait une étude sur la psychologie cellulaire, et son étude repose tout entière, comme la mienne, sur l’observation des micro-organismes animaux et végétaux. Au reste, les micro-organismes étant représentés par une cellule unique (et cette doctrine de l’uni-cellularité est aujourd’hui acceptée universellement), l’étude de leurs manifestations psychiques peut, à juste titre, ce me semble, s’appeler de la psychologie cellulaire.

M. Richet critique l’emploi de cette expression ; mais il le fait en substituant à la définition ancienne de la cellule une définition toute personnelle. Pour lui, un micro-organisme qui, comme l’Euglène, a un œil, une bouche, un œsophage, une vésicule contractile, ne serait pas une cellule. Admettre une pareille opinion, c’est se laisser prendre, dit-il, au mirage du mot cellule. Il n’est point ici question, à notre avis, d’une illusion d’optique, mais d’une définition de mots. Qu’est-ce donc qu’une cellule ? « Pour le physiologiste et le psychologue, dit M. Richet, la cellule n’a pas une entité distincte, ou du moins cette entité, cette unité a besoin d’une condition essentielle, c’est l’homogénéité. »

« Pour M. Richet, la cellule est un corps homogène ; un corps qui contient des parties différenciées n’est pas une cellule.

Nous n’avons pas besoin de faire remarquer combien cette notion de la cellule s’éloigne de la définition classique. On a appelé jusqu’ici du nom de cellule un corps formé par la réunion de deux parties essentielles, un protoplasma et un noyau. O discute la question de savoir s’il existe des éléments ne possédant pas de noyau et méritant le nom de Cytodes, imaginé par M. Haeckel. L’observation attentive des micro-organismes, au moyen des procédés perfectionnés de la technique, a permis de découvrir, dans des cellules que M. Haeckel rangeait parmi les cytodes, des centaines de noyaux. Il en est ainsi notamment pour beaucoup d’algues et de champignons inférieurs. Le nombre des Monériens — groupe de micro-organismes qu’on a crus dépourvus de noyau — diminue de plus en plus, à mesure qu’on les étudie plus attentivement. Il est vrai qu’on n’est pas encore parvenu jusqu’ici à constater la présence d’un noyau chez les bactéries ; mais cela ne prouve nullement que les bactéries n’en possèdent pas. Les connaissances