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ANALYSES ET COMPTES RENDUS


G. Ballet. — Le langage intérieur et les diverses formes de l’aphasie. 1 vol.  in-18. Bibl. de philosophie contemporaine. Paris. F. Alcan, 1886. 172 p.

L’ouvrage de M. Ballet a été, l’auteur nous l’apprend dans une note, présenté comme thèse au concours de l’agrégation de médecine. Le sujet et le titre avaient été arrêtés par le jury. Il y a là un fait d’une importance remarquable, en ce qu’il montre l’alliance de plus en plus étroite des sciences de la vie et de la science de l’esprit. Pendant que des philosophes traitent avec dédain, dans le Journal des savants, « les anecdotes apocryphes, les historiettes individuelles et accidentelles sur lesquelles se fonde la psychologie empirique », cette psychologie entre de plus en plus dans la classe des sciences positives. Si quelques métaphysiciens s’éloignent d’elle, les physiologistes et les cliniciens contribuent à la fonder. Ils se mettent ou se tiennent au courant des recherches de la psychologie, comme les psychologues se renseignent sur les résultats de la physiologie et de la pathologie, et l’on peut espérer que ce concours fera rapidement progresser la science ; les résultats acquis sont un garant des résultats futurs.

Si du reste la psychologie et les sciences positives ont été longtemps séparées, ce n’était pas seulement la faute des psychologues. Les savants qui réclamaient pour la biologie le domaine de l’esprit mettaient souvent dans leurs revendications plus de chaleur et de dédain que de perspicacité et de netteté. Le sens psychologique leur faisait par trop défaut, et il est tel livre, récent encore et bien connu, où l’on pourrait relever, à côté de documents et de vues fort intéressants, des fantaisies psychologiques qui, pour être plus mal écrites que les théories des spiritualistes, n’en sont pas pour cela plus probantes. Mais un changement peut s’être fait à la fois chez les biologistes et chez les psychologues. M. Ballet qui, dans une intéressante introduction, étudie ce changement montre au contraire beaucoup de netteté et de largeur d’esprit. « L’intime union, dit-il, qui tend à s’établir entre la pathologie cérébrale et la psychologie, chacune de ces sciences venant en aide à l’autre, est appelée, si je ne m’abuse, non seulement à nous donner la clef des phénomènes de l’esprit et des relations qui les unis