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société de psychologie physiologique

est arrivé pourtant une fois de voir une monoplégie brachiale simple se transférer sous forme de monoplégie brachiale double. Généralement, la paralysie se transfère chez la seconde malade du côté où l’aimant a été appliqué, mais cela n’est pas constant. Il se fait ensuite une série d’oscillations consécutives d’un sujet à l’autre sujet, comme pour l’anesthésie. Si l’on éloigne les malades l’une de l’autre, la malade paralysée au moment où l’éloignement se fait, reste paralysée, et il faut agir de nouveau par suggestion pour faire disparaître la paralysie.

Puis nous avons produit par suggestion des coxalgies ayant les caractères des coxalgies hystériques. Les coxalgies se comportent, au point de vue du transfert, exactement comme les paralysies.

Voici maintenant une expérience qui diffère des précédentes en ce qu’elle n’a pas son pendant dans les expériences de transfert que l’on pratique chez des sujets isolés : on provoque par suggestion le mutisme hystérique ; le phénomène se transfère avec la même facilité que les paralysies et les coxalgies.

Ces diverses expériences ont été d’abord pratiquées lorsque les malades se trouvaient dans la période somnambulique du grand hypnotisme. Mais nous les avons répétées lorsque les malades étaient à l’état de veille, et nous avons obtenu les mêmes résultats. Il a été toutefois indispensable, lorsque nous voulions obtenir par suggestion un phénomène hystérique pour le soumettre au transfert, d’hypnotiser préalablement les malades.

Nous avons enfin plongé un des deux sujets dans la période somnambulique du grand hypnotisme, en laissant le second dans l’état de veille. Sous l’influence de l’aimant, il se fait un transfert de ces deux états ; au bout de très peu de temps le premier sujet se réveille et le second devient somnambule. Pour constater la réalité du somnambulisme, nous nous sommes fondé sur le caractère somatique de cette période : la contracture somnambulique.

Passons maintenant à la seconde catégorie de nos expériences. Nous avons pris des malades hystériques, hommes ou femmes, présentant des manifestations hystériques telles que des paralysies flasques ou spasmodiques, non plus artificielles, mais naturelles, c’est-à-dire survenues indépendamment de toute suggestion de notre part et qui ont motivé l’admission de ces malades à l’hospice. Ces malades, pour la plupart, n’ont jamais été hypnotisés, et, dans les expériences suivantes, ils ont été laissés à l’état de veille. Nous avons placé les malades en rapport avec l’un ou l’autre des deux sujets dont nous avons parlé plus haut que nous plongions dans la période somnambulique du grand hypnotisme et à côté duquel nous mettions l’aimant.

Nous avons alors observé que le sujet hypnotisé ne tarde pas, sous cette influence, à présenter les mêmes accidents que l’hystérique à côté duquel il se trouve. Pourtant la transmission de ces paralysies se fait parfois avec moins de pureté que dans les expériences de la première catégorie.