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société de psychologie physiologique

en ont produit d’analogues[1]. Voici ce dont il s’agit. Il est possible de suggérer à un sujet sensible à la suggestion mentale d’obéir pendant un temps donné aux suggestions mentales que lui fera une personne indiquée. Ainsi il me suffisait de dire à mon sujet : « À partir du moment présent et jusqu’à telle heure, M. X., que voici, pourra obtenir de vous par l’hypnotisme tout ce que j’en obtiens moi-même, » pour que cette suggestion se réalisât parfaitement. L’attention du sujet se portait alors sur son nouveau maître intérimaire, et si celui-ci prenait soin de conduire ses expériences avec méthode et netteté, en suivant mes conseils, il arrivait presque toujours à réussir un certain nombre de suggestions mentales. Or, il faut remarquer que j’ignorais absolument quelles suggestions il tentait ; la scène se passait uniquement entre lui et le sujet, sans confident. Dès que l’heure fixée arrivait, il ne pouvait plus rien obtenir du sujet ; la suggestion fondamentale, un moment suspendue, reprenait toute sa force. J’ai renouvelé cette expérience un nombre considérable de fois pendant dix-huit mois, avec le même sujet que je confiai ainsi à plus de vingt personnes différentes, et j’ai obtenu une faible proportion d’insuccès, survenant du reste presque toujours avec les mêmes personnes, et très probablement de leur faute. Cette expérience, très élégante, a le grand avantage de démontrer immédiatement la réalité de la suggestion mentale hypnotique à la personne à laquelle l’hypnotiseur transmet momentanément son pouvoir. Lorsqu’elle a vu le sujet obéir nettement, plusieurs fois de suite, à des ordres connus d’elle seule et qu’elle lui a donnés mentalement, elle est bien obligée de se rendre à l’évidence.

28 juin 1886.

RECHERCHES SERVANT À ÉTABLIR QUE CERTAINES MANIFESTATIONS HYSTÉRIQUES PEUVENT ÊTRE TRANSFÉRÉES D’UN SUJET À UN AUTRE SUJET SOUS L’INFLUENCE DE L’AIMANT[2],

Par le Dr J. Babinski,
Chef de clinique de la Faculté de médecine, à la Salpêtrière.

Sous l’influence de l’application de métaux, ou bien encore de l’aimant, on peut voir chez certains sujets quelques manifestations de l’hystérie telles que l’anesthésie sensitive et sensorielle, les paralysies, les contractures, les arthralgies, lorsqu’elles sont limitées à un côté du corps, disparaître de ce côté et apparaître du côté opposé. C’est là, comme on e sait, le phénomène du transfert constaté par la Commission de la Société de Biologie[3] à l’occasion d’un fait remarqué par M. Gellé dans

  1. Beaunis. Revue philosophique, t.  XXI, 1886, p. 204.
  2. Séance du 25 octobre 1885. Présidence de M. Ribot, vice-président.
  3. Commission nommée en 1876 par la Société de Biologie pour contrôler les expériences de M. Burq sur la métalloscopie.