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l’une ne peut subsister sans l’autre : l’atomistique, parce que les atomes ont besoin de forces pour leurs actions réciproques ; l’attraction, parce que les forces ont besoin des atomes pour s’attacher à eux. Si la théorie de la force disparaît de la science, il doit en être immédiatement de même de l’atomistique. Il est donc plaisant d’observer comment les savants (Naturforscher) qui croient encore aux atomes, en combattant les forces, c’est-à-dire les atomistiques cinétiques et les auteurs de la théorie de l’éther, travaillent eux-mêmes à la destruction de leur doctrine préférée. On peut, dès maintenant, prévoir avec certitude la destruction de l’atomistique. Qu’on se représente une génération de jeunes savants élevés sans la croyance à des forces qui agissent de loin elle sentira le besoin de pouvoir expliquer les phénomènes naturels, mais en même temps elle connaîtra qu’une telle explication n’est possible qu’avec le secours de l’énergie potentielle et que, sans forces moléculaires agissant au loin, l’énergie potentielle ne peut subsister dans les corps réunis atomistiquement. Les savants futurs abandonneront l’atomistique et s’attacheront à la doctrine qui, sans intermédiaires, atomes, forces ou fluides impondérables, peut faire ce que n’a pu accomplir depuis trois mille ans la théorie atomistique. Cette doctrine est la pure physique cinétique : elle considère le mouvement d’un point comme la résultante de tous les mouvements qui lui sont communiqués par les ondulations ; elle reconnaît dans les corps une énergie cinétique et une énergie potentielle ; elle est par suite en état de représenter tous les phénomènes naturels ou commodes transmissions (Uebertagungen) ou comme des changements (Umwandlungen). En retour de l’avantage que la physique cinétique assure aux savants par cette simplification de la connaissance, elle ne leur demande que la reconnaissance d’un fait — le mouvement — et une modestie suffisante pour avouer que nous ne savons rien et ne pouvons rien savoir de la matière, c’est-à-dire de ce qui est mu dans les corps.

K. W. Von Dalla Torre fait le compte rendu d’un ouvrage très intéressant de Vitus Graber (sur le sens de la lumière et des couleurs chez les animaux) où sont exposés et critiqués les travaux de Bert, de Lubbock, de Bonnier, etc., et où sont examinées un certain nombre de questions qui ont une assez grande importance pour la psychologie comparée.

La rédaction du Kosmos publie une lettre de Darwin communiquée par M. A. Panchin, de Kiew. Elle est adressée à l’auteur d’une brochure qui avait paru en 1880 sous le titre : Quelques mots sur l’éternité du corps humain. « Personne, lui écrit Darwin, ne peut positivement prouver que la mort soit inévitable, mais les témoignages en faveur de cette opinion ont une force tout à fait accablante, puisqu’elle s’appuie sur l’exemple de toutes les autres créatures vivantes. Je ne tiens non plus en aucune façon pour absolument exact que les organismes plus élevés doivent subsister plus longtemps que les organismes inférieurs.