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lumière s’obscurcisse. Elle est la propriété de l’humanité, non de l’homme ; et comme l’humanité doit l’acquérir, les individus doivent eux-mêmes l’acquérir, les uns plus difficilement, les autres plus facilement, selon qu’ils sont malades et faibles, ou sains et forts. Les moralistes peuvent dire à l’homme adulte : « Fais ce que tu dois. » Nous ne pouvons que lui dire : « Fais ce que tu peux. » C’est pourquoi il faut s’occuper surtout des enfants qui sont encore flexibles comme la cire, et de ce que les parents les éducateurs, les politiques pourraient en faire. L’individu qui a conscience de lui-même se sent libre, s’il peut vivre conformément à sa nature… La loi de l’homme élevé moralement est la loi de la société élevée moralement. Si l’individu est formé selon cette loi de manière à ce qu’elle devienne pour lui une seconde nature, il n’est pas douteux que, vivant selon sa nature, il ne se sente libre comme homme moral. Et s’il a une fois goûté à cette liberté qui lui donne son perfectionnement, il prend la perfection pour but constant de sa vie. Mais personne n’est quelque chose par lui-même, et celui qui est quelque chose ne l’est que par le concours de beaucoup d’autres hommes. Ne prescrivons donc rien à personne, mais disons seulement ce qui se produirait si un large pont réunissait le bonheur à la moralité et celle-ci à la liberté. En chaque homme se trouve enracinée la tendance (der Trieb) au bonheur, et le vrai bonheur ne se trouve que dans un monde moral. Si donc la vertu devient naturelle pour l’homme vraiment heureux, si elle donne le plus de bonheur possible, nous travaillons admirablement à la développer. Tous ceux qui regardent comme un beau rêve le projet de rendre l’humanité heureuse peuvent se borner à diminuer, dans la limite de leur pouvoir, la misère qui est dans le monde, et s’en rapporter à l’individu pour la recherche de son propre bonheur.

Charles Darwin. Dissertation posthume sur l’instinct. — C’est la traduction allemande d’un travail que Darwin avait confié à Romanes et que celui-ci a publié à la suite de son ouvrage intitulé « Mental Evolutions in Animals ».

Emil Yung. L’influence de la nourriture sur le développement de la rana esculenta. — Nous signalons cet article, qui nous paraît un excellent point de départ pour amener un jour la détermination expérimentale de l’influence précise qu’exerce le milieu physico-chimique, température, lumière, pression, tension électrique, nourriture, etc., sur le développement et la constitution des êtres vivants aux différents moments de leur existence.

N. Dellingshausen. — La pesanteur ou le passage à l’acte de l’énergie potentielle. — Il nous semble intéressant de signaler les conclusions auxquelles est arrivé l’auteur après avoir examiné, dans plusieurs articles dont nous ne saurions trop recommander la lecture, une des questions les plus importantes de la philosophie des sciences. L’atomistique, dit-il, et la théorie de l’attraction sont étroitement liées et