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est en rapport direct de cette décomposition, en rapport inverse de la facilité avec laquelle chacun de ces éléments fait commencer dans les autres la décomposition qui s’est emparée de lui-même et avec laquelle il procède dans la phase de reconstruction.

La conscience du moi (Selbstbewusstsein) n’est qu’un cas particulier de la conscience en général et doit être soumise aux mêmes lois, c’est-à-dire qu’elle doit se produire ou manquer selon que les éléments centraux sont ou non sur le point de se décomposer, qu’elle doit subir des changements, quand change le mode d’activité de ces éléments. C’est ce qui se produit d’une façon évidente dans les cas extrêmes de maladie mentale, moins clairement dans les circonstances normales et dans les états intermédiaires, amenés par des troubles mentaux qui sont légers, transitoires, qui reviennent périodiquement ou durent un certain temps. C’est ce que l’auteur s’occupe d’établir dans le présent article en s’apuyant surtout sur les cas étudiés par Krishaber (Taine, Rev. ph., II, 1876), par Azam, par Maudsley, etc.

L’organisme, conclut-il, est la personnalité elle-même ; l’unité du moi n’est par conséquent jamais parfaite ; elle subit toujours une division plus ou moins complète. Chaque moi partiel écrase, pour ainsi dire, une des tendances dominantes de l’individu. On pourrait presque dire que l’âme se masque comme le corps, qu’elle montre tantôt l’uniforme et tantôt la soutane. L’homme atteint une unité d’autant plus parfaite que son caractère forme un tout plus complet ; qu’il a subi pendant sa vie des changements moins profonds ; que la différence est moins grande entre le moi unique, habituel, et le moi professionnel, entre l’activité politique ou la direction religieuse ; que l’harmonie enfin est plus complète entre ses idées morales et sa façon d’agir. Développer cette harmonie et par conséquent fortifier et faire durer cette unité, doit être le but essentiel de l’éducation au sens large du mot.

Moritz Wagner. Controverses sur le Darwinisme. — L’auteur, répondant à des observations qui lui ont été faites par un savant sur la finalité et le progrès des êtres organisés, trouve qu’on pourrait exprimer de la manière suivante la loi qui régit l’un et l’autre : La conformation, aussi finaliste que possible des organismes, est une conséquence nécessaire de l’exercice, en vue d’un but, de leurs organes particuliers. Le progrès morphologique résulte du concours accidentel des variations favorables à l’individu et d’un changement favorable des conditions vitales dans un nouveau lieu d’habitation.

B. Carneri. L’évolution de l’idée de moralité. — Carneri, qui trouve que Darwin est le penseur auquel, depuis Kant, on doit le plus pour la connaissance de l’humanité, examine, dans un article intéressant, l’évolution de l’idée de moralité. Elle s’est montrée à l’homme dans la lutte pour l’existence et elle demeurera sa propriété, quoique, de temps en temps, comme le comportent les alternatives de toute évolution, sa