habitués des universités : dès le début de l’entretien, on voit poindre la vieille doctrine de l’humide radical, paraître l’inscription du temple de Delphes, et le plus savant des interlocuteurs, Antonio, allègue à ses camarades, Rodonio et Veronio, l’autorité d’Hippocrate, de Galien, de Platon et de Pline. À propos d’une perdrix poursuivie par un faucon, et qui tombe morte à leurs pieds, les trois amis traitent des effets de la peur, et conséquemment de l’influence des émotions sur les animaux et sur l’homme. L’auteur se sépare nettement, sans le dire, de son illustre compatriote le médecin Gomez Pereira, prédécesseur de Descartes, et le premier des modernes qui remit en circulation et en honneur la doctrine oubliée de l’automatisme des bêtes. Elle admet la conception des trois âmes, végétative, sensitive, raisonnable, reconnaissant la première dans les plantes, la première et la seconde chez les animaux, et les trois ensemble chez l’homme, qu’elle assimile aux anges pour l’intelligence avec laquelle il se rend compte de l’effet produit par les passions de l’âme considérée sous ses trois formes.
Malgré d’évidentes réminiscences de Platon, cette vue assez nouvelle se rapproche beaucoup de l’opinion de Galien sur les rapports du physique et du moral ; opinion essentiellement physiologique, d’autres diraient profondément matérialiste, développée de main de maître par le médecin espagnol Huarte, dont le livre, fameux dès sa naissance, parut pour la première fois en 1575 (Baeza, in-8o) ; mais ce livre, dont le succès fut aussi prodigieux que rapide, est conforme à la doctrine galénique des tempéraments, aussi vieille que la médecine grecque, tandis que la crase et l’idiosyncrasie ne tiennent qu’une place insignifiante dans la Philosophie nouvelle. Preuve irrécusable que l’auteur ne marchait point sur les brisées d’autrui.
