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G. LE BON.applications de la psychologie

postes, banques, finances, chemins de fer, etc., l’immense majorité des emplois est remplie par des Hindous.

Ce n’est qu’en nous élevant aux régions tout à fait supérieures de l’échelle intellectuelle et en arrivant à ces fonctions où l’initiative, l’aptitude à associer des idées nombreuses, à saisir leurs analogies et leurs différences, c’est-à-dire le jugement et l’esprit créateur, doivent être développées, que l’infériorité de l’Hindou éclate d’une façon visible. Diriger une grande entreprise industrielle, conduire des hommes, exécuter des recherches scientifiques, accomplir des découvertes, en un mot, avancer sans autre guide que soi-même, lui est impossible. Il manœuvrera aussi bien que l’Européen la locomotive ou le télégraphe, mais jamais il ne les eût créés.

Pour résumer ce qui précède d’une façon bien claire, je dirai que sur 1,000 Européens pris au hasard, il y en aura 995 au moins qui ne seront pas intellectuellement supérieurs au même nombre d’Hindous également choisis au hasard ; mais ce qu’on trouvera chez les 1,000 Européens, et ce qu’on ne rencontrera pas chez le même nombre d’Hindous, ce sera un ou plusieurs hommes supérieurs doués d’aptitudes exceptionnelles.

J’ai déjà insisté ailleurs sur ce point important, que les différences existant entre les races supérieures et les races demi-civilisées ne consistent pas du tout en ce que la moyenne intellectuelle des individus des deux races est inégale, mais en ce que la race inférieure ne renferme pas d’individus capables de dépasser un certain niveau. C’est là un point fondamental dont on pourrait trouver les preuves uniquement dans des raisons psychologiques, mais que j’ai tenté de baser aussi sur des raisons anatomiques. J’ai démontré autrefois, en effet, par des recherches effectuées sur un nombre considérable de crânes appartenant à des individus de races différentes, que les races supérieures possèdent toujours un certain nombre de crânes d’une vaste capacité alors que les races inférieures n’en possèdent pas.

Si, descendant de ces généralités philosophiques, nous voulions déterminer en quoi l’Hindou des classes supérieures diffère des classes européennes correspondantes, nous verrions qu’il s’en distingue surtout par le défaut de précision et d’exactitude qu’il apporte en toutes choses, par son absence d’esprit critique, par son manque d’initiative, par la faiblesse de son jugement et de son raisonnement, par l’exagération de son imagination et par son étonnante incapacité à voir les choses comme elles sont, défauts que ne compensent nullement son grand pouvoir d’assimilation et une certaine dose de logique. Cette logique est d’ailleurs limitée à l’aptitude à tirer d’un fait unique toute une série de conséquences et ne s’étend pas jusqu’à