Page:Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome XXII, 1886.djvu/612

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
608
revue philosophique

lation hindoue et d’indiquer les causes de leur formation, nous essayerons tout d’abord de faire rentrer, au point de vue psychologique, dans un petit nombre de divisions fondamentales, toutes les races nombreuses de la péninsule.

Un examen rapide montre bientôt que toutes ces races peuvent être psychologiquement groupées dans trois grandes divisions principales. La première comprend celles qu’aucune civilisation n’a encore pénétrées et qui représentent les derniers vestiges des populations primitives de l’Inde. Ces populations, que l’on ne rencontre plus que dans les montagnes ou dans des districts isolés, forment une faible minorité, et sont trop différentes des autres habitants de la péninsule pour qu’on puisse les réunir à eux. Nous n’aurons donc pas à nous en occuper ici.

Une seconde classe est formée par les Hindous proprement dits, résultant, comme nous le savons, de l’union des races blanches ou jaunes avec les primitifs habitants du sol à peau noire. Plus ou moins profondément mélangées par l’action des siècles, elles constituent, suivant les proportions des éléments divers entrant dans le mélange, des groupes assez dissemblables ; mais les conditions identiques des milieux physiques et intellectuels auxquels elles ont été soumises pendant longtemps, et la communauté de leurs croyances, leur ont imprimé un certain nombre de caractères communs. C’est à ces populations formant la grande majorité des habitants de l’Inde que s’appliqueront les caractères généraux que nous nous proposons de rechercher.

Une troisième division renferme ces populations musulmanes composées d’un mélange d’Afghans, d’Arabes, de Persans, de Turcomans, de Mogols, etc., qui envahirent l’Inde à diverses époques et finirent par la conquérir. Il serait difficile, si elles étaient restées pures de tout mélange, de les confondre avec les populations de la classe précédente ; mais, sur les cinquante millions d’hommes qui professent l’islamisme dans l’Inde, il en est très peu sans doute qui soient exempts de tout mélange de sang hindou. Bien qu’ils diffèrent en beaucoup de points des populations précédentes, ils ont été plus influencés en réalité par elles qu’ils ne les ont influencées, et si tous les caractères généraux qui vont être énumérés bientôt ne leur sont pas aussi applicables qu’à elles, beaucoup de ces caractères sont cependant communs aux deux groupes.

Les influences qui ont engendré des caractères communs aux deux derniers groupes qui précèdent sont à la fois physiques et intellectuelles.

Les influences physiques peuvent être rappelées en quelques mots :