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en plus dans la masse de la population dravidienne. Des mélanges, en proportions très différentes, de ces éléments, sont nés : les Bhils, que l’invasion rajpoute refoula dans les montagnes, et qui sont des Protodravidiens très peu modifiés par les Touraniens ; on retrouve même dans quelques-unes de leurs tribus les types des populations primitives ; ils occupent les Vindhya occidentaux, et comptent 2 ou 3 millions d’hommes ; — les Mhairs, tenant beaucoup des Jâts touraniens et habitant dans la chaîne septentrionale de l’Aravulli ; ils sont au nombre d’environ 600,000 ; — les Minas, qui occupent le royaume de Jaïpour dans le haut bassin du Gange au nombre de 2 à 300,000 ; — les Ramousis, les Dhângs, qui occupent les versants des Ghâts occidentales, et qui doivent beaucoup sans doute à l’élément dravidien que rappellent leur peau foncée, leur nez écrasé et leurs pommettes saillantes.

Au xie siècle de notre ère, commencèrent dans l’Inde les invasions des peuples musulmans. Appartenant eux-mêmes à des origines très différentes, Arabes, Persans, Afghans, Mogols, ces peuples augmentèrent la confusion extrême de races qui existait déjà dans le nord de l’Inde. Leur domination changea considérablement les mœurs, les croyances, la civilisation, dans les bassins de l’Indus et du Gange, mais ils ne se sont pas mêlés assez complètement ni en assez grand nombre avec les anciennes populations pour que leur triomphe ait marqué la naissance d’aucun groupe ethnique nouveau. On les reconnaît encore individuellement, de même que l’on distingue, sans pouvoir cependant les compter au nombre des races de l’Inde, les Parsis du Guzerat et les Juifs de Cochin.

Nous bornerons au classement des populations de l’Inde en quatre groupes : kohlarien, dravidien, tourano-aryen et thibétain, nos indications générales relatives aux races de l’Inde. Par leurs combinaisons en proportions diverses, ces quatre groupes ont formé un grand nombre de races importantes que nous avons longuement étudiées ailleurs, mais que, faute de place, nous ne pourrions songer à mentionner ici.

Avec les données précédentes, ce qu’on saurait des races de l’Inde se limiterait vraiment à bien peu de chose, puisque cette connaissance se bornerait en définitive à connaître à peu près d’où elles viennent et la couleur de leur peau. Toutes les mensurations des anthropologistes de profession n’ajouteraient guère à ces notions superficielles. Nous allons voir maintenant, en choisissant parmi les groupes précédents un exemple, combien seront autrement précis les documents fournis par les caractères psychologiques.