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GUARDIA.philosophes espagnols

fait à la seconde édition, pello malo sucesso da segunda impressão em que o mandarão recolher… Il ajoute que l’ouvrage et l’auteur, qui n’était plus de ce monde (ainda depois de morta), semblent lui demander de mettre l’un et l’autre sous la protection d’un puissant personnage, capable de les garantir des calomnies dont ne put les défendre la faveur d’un monarque, sem protector que com seu valor o anime et defenda das calumnias de que o favor de hû monarcha o não pode defender.

Il ne se peut rien de plus clair ; seulement on ne sait rien de ces persécutions et de ces calomnies dont la seconde édition fut l’objet. Quoi qu’il en soit, l’édition faite en Portugal, qui est la troisième (les licences d’imprimer sont du mois d’octobre 1616, 1617), ne donne point la lettre adressée par l’auteur à l’illustre seigneur don Francisco Zapata, comte de Barajas, président de Castille et du Conseil d’État de Sa Majesté, pour obtenir faveur et protection : Carta en que Doña Oliva pide favor y amparo contra los emulos de este libro, et qui suit immédiatement la dédicace à Philippe II. Au dire de l’impétrante, ce grand dignitaire était, lui aussi, possédé de la passion des réformes et du désir de bien servir le roi son maître. Il lui paraît donc tout naturel de s’adresser à un protecteur si dévoué à l’intérêt public, pour recommander un livre dont l’auteur ne demande pas mieux que de soumettre ses vues à une assemblée de savants, car elle est prête à démontrer que l’erreur gouverne le monde, et que les faux principes qui prévalent depuis l’antiquité, prennent leur source dans les fausses doctrines de la philosophie et de la médecine, ignorantes l’une et l’autre de la nature humaine. Bien que se reconnaissant indigne d’une telle faveur, la gravité du sujet l’enhardit à demander la protection du roi et du personnage qui représente la majesté royale (que representa la persona real). Cette lettre, d’une forme assez fière, se termine par la formule de salut, Vale, et par cet adage latin : Omnia vincit veritas. Comme il n’y a point d’indication de lieu ni de temps, on ne sait pas si elle se trouvait déjà dans la première édition.

Toutes ces pièces liminaires sont suivies de deux sonnets d’une assez belle facture, en alabanza de la autora y de la obra, de la façon du licencié don Juan de Sotomayor, poète de la ville d’Alcaraz, qui loue dignement la beauté, la vertu, la sagesse, le talent, le savoir et la science de cette femme qui enseigne la connaissance de l’homme, et qui en sait plus que les sages les plus savants. Les épithètes louangeuses du premier sonnet ne peuvent s’entendre que d’une personne jeune et belle ; d’après la date consignée dans l’extrait baptistaire, l’auteur avait vingt-cinq ans en 1587. C’est un bel âge pour entre-