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été de 4 pour chaque type, soit 24 au total ; sur chacun d’eux on a fait 8 séries d’expériences, comprenant chacune 40 expériences, soit 320. On voit donc que les auteurs ont opéré sur des moyennes considérables. Pour obtenir chaque chiffre de la table on a pris : d’abord la moyenne d’une seule séance de 20 expériences ; ensuite la moyenne des moyennes des 8 séances ; et enfin combinant ensemble les moyennes des 4 individus examinés, on en a tiré une moyenne définitive.

Jetons maintenant un coup d’œil sur la table. On est tout étonné de voir que, pour le type paranoïque, les chiffres sont tous inférieurs à ceux du type sain, ce qui indique une plus grande rapidité dans la réaction ; ainsi, chez ces malades, non seulement la perception, mais l’aperception (c’est-à-dire la distinction des deux pointes) est supérieure à ce qu’elle est dans l’état de santé. Ce résultat curieux est en rapport, disent les auteurs, avec le concept actuel de la paranoïe (délire systématisé primitif, etc.). Cet état n’est pas à proprement parler une maladie, mais plutôt une forme dégénérative, une déviation du type normal, qui se manifeste seulement dans les fonctions les plus complexes de l’organisme psychique ; on comprend donc que, chez le paranoïque, la perception et l’aperception, qui représentent le seuil de l’intelligence, peuvent demeurer dans leur état normal. On remarquera à l’inverse que, dans le type maniaque, les chiffres sont très supérieurs à la normale ; ce qui montre que, malgré la vivacité des conceptions et des mouvements chez ces malades, les fonctions perceptives sont atteintes, Divers autres résultats intéressants ressortent de l’inspection du tableau : ainsi le temps pris pour la perception double est toujours supérieur au temps de la perception simple, fait déjà constaté par Buccola. La durée de la perception erronée est en général supérieure à la durée de la perception exacte. Nous nous bornons à regret à ces quelques détails. L’article contient encore un grand nombre d’observations intéressantes ; mais elles ne seraient comprises que si nous reproduisions les autres tables.

Guicciardi et Cionini. Recherches psychométriques sur la répétition. Les lois de la répétition qu’on a exposées sont au nombre de trois : 1o par la répétition, les états de conscience antécédents provoquent plus facilement les états conséquents ; 2o les premières répétitions sont plus efficaces que les dernières ; 3o après des gains de temps de plus en plus petits, on finit par atteindre une limite organique insurmontable. L’importance psychologique de la répétition a été relevée par Spencer, Lewes, Hoffding, Ebbinghaus, etc. Les auteurs se sont surtout attachés à étudier les rapports de la répétition avec la complexité des processus psychiques. Leurs expériences se divisent en trois groupes. Le premier groupe est composé de perceptions élémentaires suivies d’actes très simples ; par exemple, une légère impression tactile est faite sur le doigt du sujet qui, aussitôt qu’il a perçu l’impression, réagit avec la main en interrompant un courant ; d’autres expériences sont faites sur la vue et sur l’ouïe. Même pour ces actes élémentaires