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point étudié la médecine, no acordandome yo de medicina, porque nunca la estudie, a dû signaler les causes d’erreur qui ont égaré les anciens et les modernes. Il suffit du simple bon sens pour en juger ; et l’auteur espère que quiconque voudra apprendre à se connaître dans son livre, apprendra les secrets de la vie et du bonheur, s’initiera à la médecine solide et véritable, ne dépendra point d’autrui, et ne sera point traité par le médecin comme les bêtes brutes le sont par le vétérinaire. Elle compte sur l’adhésion des médecins sensés, qui font passer le bien commun avant leur intérêt personnel. Ils viendront à cette philosophie qui ne redoute point le contrôle de l’expérience. Qu’on la mette à l’épreuve pendant une année seulement, et l’on verra bientôt si, dans les maladies et dans les épidémies, elle est aussi impuissante que la vieille médecine qui date de deux mille ans, et qui ne sert de rien, sin aprovechar nada su medicina antigua.

C’est, comme on voit, un défi dans les formes, une déclaration de guerre. Jalouse de ses inventions, l’auteur de tant de nouveautés eût sollicité un brevet, mais il n’y en avait point en ce temps-là ; aussi se contente-t-elle de signaler au Souverain les plagiaires qui se parent volontiers des plumes du paon, comme le geai de la fable. La dédicace se termine par une chaude recommandation de l’ouvrage qu’il faut lire et relire plusieurs fois, à cause de tout ce qu’il renferme d’extraordinairement utile. Enfin, l’auteur espère avec confiance que les grâces et faveurs qu’elle attend seront proportionnées à l’excellence de son œuvre. Et, prenant congé du roi en lui baisant les mains, elle signe :

Catholicæ tuæ maiestatis Ancilla,
Oliva de Nantes
Sabuco, Barrera.

Cette signature singulière soulève quelques difficultés qu’il convient d’éclaircir pour ne laisser aucun doute sur l’identité de l’auteur et l’authenticité de l’ouvrage.

Les bibliographes, se conformant au frontispice des éditions connues, écrivent les prénoms et les noms de l’auteur dans cet ordre : Oliva Sabuco de Nantes Barrera, natural de la ciudad de Alcaraz, où l’on voit en même temps quelle était sa ville natale. Avec cette indication, il était possible d’établir l’état civil d’une personne qui a donné lieu à tant de controverses. Des amis de Madrid ayant bien voulu faire des recherches, voici ce qu’on a trouvé dans les registres de naissance de l’église paroissiale d’Alcaraz, dans la Manche, diocèse de Tolède : « Le 2 décembre de l’année 1562 fut baptisée Louise Oliva, fille du bachelier Miguel Sabuco et de sa femme, Francisca de