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ANALYSES ET COMPTES RENDUS


Bernard Pérez.La psychologie de l’enfant. L’enfant de trois a sept ans. F. Alcan, 1886 (Biblioth. de philos. contemp.) 310 p. in-8o.

M. B. Pérez ajoute à sa Psychologie de l’enfant un second volume. Il a suivi, dans le premier, l’enfant jusqu’à la troisième année ; il le suit, dans le second, jusqu’à la septième. Du reste, même méthode soit d’exposition, soit de discussion. Certains critiques lui avaient demandé plus de généralités, et il nous semblait, à première vue, avoir trop cédé peut-être à leurs exigences. Somme toute, ce second volume contient à peu près autant que le premier d’anecdotes psychologiques, et la plupart des considérations qui y paraissent purement générales ne sont que l’abrégé d’une série d’observations comparatives.

Les travaux de M. Pérez, on le sait d’ailleurs, se distinguent des travaux analogues par la méthode de comparaison qu’il y a appliquée. Il a eu, le premier, la hardiesse de porter son étude sur un grand nombre de sujets, sans pour cela manquer d’être l’observateur exact et sagace de chacun de ces sujets, et il a su mettre à profit pour son interprétation les données si variées de la biologie, de l’anthropologie, de la sociologie, sans en abuser plus que de la théorie. Bain et Wundt, Spencer et Ribot ont été surtout consultés par lui dans les questions de psychologie générale ; Mmes Necker de Saussure et Guizot, MM. Marion et Compayré dans celles de pédagogie ou théorique ou pratique.

La doctrine du transformisme a pénétré un peu tous les domaines et la psychologie de l’enfant doit aussi compter avec elle. M. Pérez a pris à son endroit une position attentive et indépendante, en quoi je l’approuve grandement. L’enfant, selon M. James Sully[1], nous offre avant tout un intérêt ethnologique et historique ; nous voyons en lui comme un raccourci de la vie de nos ancêtres : et c’est un point de vue que certains partisans immodérés du transformisme n’ont pas manqué d’exagérer. M. Pérez se renseigne plutôt qu’il ne se dirige sur cette grande hypothèse et il ne l’accepte pas sans bien des réserves. Il n’a garde, par exemple, d’assimiler l’enfant, soit à l’homme préhistorique, c’est-à-dire à un adulte déjà civilisé, soit à l’animal, inférieur à l’enfant sous bien des rapports inhérents au degré d’évo-

  1. Voir l’introduction écrite pour l’édition anglaise des Trois premières années.