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SUR LES APPLICATIONS DE LA PSYCHO-PHYSIQUE


I

Depuis quelques années il s’est produit un nouveau corps de doctrines qui préoccupe singulièrement les chercheurs : on s’est demandé s’il ne serait pas possible de déterminer nos actes psychiques par les dimensions des excitations. La psycho-physique a de nombreux partisans et ses adversaires ne sont pas sans admettre implicitement bien de ses doctrines. La grande difficulté est de bien définir son champ d’action et la portée des résultats.

Souvent on semble renfermer toute la psycho-physique dans la discussion de la loi de Fechner, que quelques esprits un peu aventureux voudraient élever au rang des lois newtoniennes ; en sorte que toute cette science devrait en dériver de la même manière que l’astronomie dérive de la gravitation.

Avant d’étudier la formule de Fechner, il semble nécessaire de chercher quels sont les cas où le besoin de lois psycho-physiques s’est fait sentir et quels résultats on a obtenus. Cet examen préliminaire montrera que la science en discussion est de date bien ancienne et qu’elle a un champ bien vaste pour ses applications.

Je crois que les premières recherches de ce genre sont celles qui se rapportent à la perspective linéaire. Les premiers artistes ont dû se préoccuper des moyens de rendre par le dessin l’impression que produit sur nous la vue des monuments ou des paysages. Le problème était des plus difficiles surtout à une époque où l’on n’avait pas de bonnes études physiologiques pour servir de bases aux recherches. Les géomètres ont fait de la perspective une science bien combinée et parfaite qui peut résoudre tous les problèmes qu’on lui propose, mais ils n’ont guère discuté ses principes.

On a d’abord remarqué que les objets nous paraissent d’autant plus petits qu’ils sont plus éloignés, et que les verticales ne semblent en général pas dévier de leur aplomb ; par suite, si l’on observe une longue rue droite bordée d’édifices de même hauteur, les corniches