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ANALYSES.ch. bénard. La philosophie ancienne.

physique, soit philosophique, soit religieuse, est pour beaucoup dans leurs principales erreurs. Il était, quant à lui, fortement convaincu de la nécessité d’étudier les êtres vivants par le dedans et par le dehors, et, comme le disait l’illustre Et. G. Saint-Hilaire, « d’embrasser dans une pensée unitaire la psychologie et la physiologie ».

La seconde partie, consacrée à l’examen critique de la nouvelle biologie, est la partie capitale de l’ouvrage. C’est là, d’ailleurs, une seconde édition, élargie et améliorée, du livre paru en 1876 sous le titre de Critique de la philosophie zoologique.

Il me suffira, pour en marquer l’esprit et la portée, d’indiquer les points les plus saillants de la conclusion. Le mouvement de l’histoire paraît à M. Siciliani un mouvement progressif en deux sens ; il est tour à tour, et tout à la fois métaphysique et expérimental, relatif et scientifique. C’est une œuvre d’incessante édification et d’incessante démolition. Il y a action et réaction externes, entre école et école, direction et direction, principe et principe. Il y a action et réaction internes entre les représentants d’une même école. Les uns exagèrent, les autres corrigent le point de vue commun. Mais chaque doctrine biologique, en se développant dans sa propre orbite, aboutit, logiquement dans ses conséquences et applications dernières, à la métaphysique et au dogmatisme. La biologie du créationnisme, celle du monisme transformiste et mécanique, la biologie des philosophes de la nature, de l’idéalisme absolu et du monisme transcendantal, à leur extrême degré de systématisation, sont des métaphysiques.

Mais si la destinée des écoles est d’arriver à la métaphysique et au dogmatisme en se développant et en progressant, elles n’en ont pas moins contribué, chacune pour sa part, au progrès réel de la science de la vie. On voit même que les plus logiques et les plus modérés, dans chaque école, s’arrêtent à une sorte de terrain neutre, où se concilient plusieurs des vérités dont l’esprit de système a fait des absurdités. La part de vérité du créationnisme, c’est l’activité, la spontanéité, la nouveauté au sein de la nature même et par la nature même, la création naturelle et immanente ; les corrections apportées à la doctrine ont largement contribué à montrer la constitution des grands types organiques. Un des mérites de la biologie transformiste est d’avoir montré comme nécessaire au développement des espèces une série de causes ou de conditions d’ordre mécanique, et d’avoir montré la genèse réelle et familiale des divers types organiques, en signalant l’unité de composition dans l’architecture de la vie. La biologie idéaliste a le mérite négatif d’avoir mis à nu les vices des autres doctrines, et le mérite positif d’avoir soutenu avec fermeté, bien qu’elle l’ait surtout fait théoriquement, l’idée de la répétition, le principe de la complication croissante, l’idée de la « circularité ». Les biologistes de l’idéalisme et ceux du zoonitisme s’accordent sur ce principe, bien qu’employant, les uns, une méthode reconstructive idéale, et les autres, une méthode constructive réelle, la seule admissible.