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nombreux et trop peu connus pour que nous puissions dégager les caractères qui leur sont communs. On peut chercher à l’aide des textes ce qu’il convient de penser de Protagoras, de Gorgias, peut-être même d’Hippias et de Prodicus ; nous n’avons pas de renseignements suffisants pour déterminer ce qu’ont été les sophistes.

F. Picavet.

Pietro Siciliani. La Nuova Biologia. La Nouvelle Biologie, essai historico-critique, 1885, Dumolard, Milan, in-8o, 408 p.

M. Siciliani était un de ces esprits singulièrement ouverts, alertes, curieux, enthousiastes, et en même temps pondérés, moins novateurs que vulgarisateurs, moins profonds en général que justes et lucides, mais doués au plus haut point de la faculté d’assimilation et de transmission. En psychologie, en biologie, en pédagogie, en sociologie, il cherchait, pour les autres autant que pour lui-même, à tout comprendre, à tout concilier, quand la chose était possible. Rien chez lui d’exclusif ; des hommes et des systèmes, il prenait le bien et laissait le mal. Tel est le caractère scientifiquement et largement éclectique du dernier livre, signé de son nom, que nous analyserons. Compilation, si l’on veut, mais n’en fait pas qui veut de faciles et d’utiles à lire.

Ce livre est, comme l’auteur nous en avertit, un essai destiné à préparer l’esprit des jeunes gens aux discussions si vives qui s’agitent sur le terrain si encombré de dangers de l’anthropologie, de la psychologie comparée et de la sociologie. La composition de cet essai ne répond pas exactement à son titre. La moitié en est consacrée à l’histoire de la biologie depuis les premiers penseurs grecs jusqu’aux temps modernes. Je ne vois nul inconvénient à ce que l’on montre ainsi aux jeunes gens la genèse et l’évolution des systèmes ; et l’histoire de la biologie antérieure à notre époque est, assurément, un préambule utile, et d’ailleurs très intéressant, à l’histoire de la biologie contemporaine. Je critiquerais plutôt la manière dont l’auteur a compris cette utilité. Partant de ce principe que « la formation des idées biologiques est indissolublement liée à la formation de la pensée philosophique », ce qui n’est vrai que relativement, et « que l’histoire des principes biologiques se présente aujourd’hui comme un des grands rameaux de la philosophie », il a consacré cent cinquante pages de la première partie, qui en compte deux cents, à l’exposition critique des systèmes philosophiques. En regard de cette exposition, d’ailleurs très claire et instructive, les cinquante pages d’histoire biologique paraissent d’autant plus à l’étroit qu’elles nous intéresseraient davantage. Cette disproportion a été sans doute amenée par la préoccupation très légitime qui animait l’auteur à l’endroit des relations de la philosophie, et surtout de la psychologie, avec la biologie. Il trouvait avec raison que les naturalistes, en général, ne savent pas assez de bonne philosophie, et que la méta-