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analyse fidèle du plus important de ses écrits, montrera peut-être au lecteur l’utilité de l’histoire de la médecine, si négligée par la plupart des médecins, qu’on peut dire que cette partie, la plus générale de l’art, est devenue une spécialité, à peine connue de quelques rares curieux. Si elle pouvait tenter quelques-uns des philosophes que la médecine attire, ils y trouveraient bien des surprises et de quoi ajouter un volume au moins à l’histoire à peine ébauchée de la philosophie naturelle ; car les annales de la médecine ancienne et moderne renferment les noms d’un assez grand nombre de philosophes inconnus.

Grâce à Feijóo et à son ami Martin Martinez, les Espagnols sont rentrés en possession d’un auteur qui n’est pas une de leurs moindres gloires ; et l’enthousiasme succédant à l’indifférence de l’oubli, des panégyristes outrés, non contents de faire galamment de doña Oliva Sabuco un prodige sans pareil, lui ont attribué gratuitement une influence chimérique. Ni George Ent, ni Willis, ni Charles Lepois, pour ne rien dire de quelques autres médecins célèbres, si légèrement accusés d’emprunt ou de plagiat, ne doivent rien aux écrits d’une femme remarquable, à la vérité, mais à peu près inconnue hors d’Espagne et médiocrement connue en Espagne même, malgré la quatrième édition d’un ouvrage précieux à tant de titres, mais devenu aujourd’hui introuvable. Un médecin philosophe, rara avis, qui serait assez habile pour remettre en circulation la Philosophie nouvelle de la nature de l’homme, en l’accompagnant d’un bon commentaire et de notes utiles, aurait bien mérité des lettres espagnoles, de la médecine et de la philosophie.

J.-M. Guardia.