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ments sur l’économie, et, à ce sujet, il prescrit un régime spécial aux femmes grosses et aux mères nourrices, régime essentiel, parce que, dans la première enfance, c’est surtout le système nerveux central qui croît et se développe. L’alimentation est étudiée simultanément au triple point de vue de la santé, de la maladie et de la morale. La faim et la soif sont des sensations du système nerveux, lequel appète les aliments solides ou liquides, selon qu’il est à l’état d’humidité ou de sécheresse. La vieillesse et la mort sont les conséquences naturelles de l’épuisement du liquide nourricier par la sécheresse des centres nerveux, des nerfs qui en émanent et des expansions nerveuses de la périphérie, c’est-à-dire de la peau qui recouvre tout le corps ; la partie végétative fonctionne mal, et l’harmonie entre l’âme et le corps va diminuant jusqu’à la séparation finale, la réparation ne compensant plus les pertes. La décroissance de l’influx nerveux a lieu à l’intérieur aussi bien qu’à l’extérieur, Cessa la vegetativa y todo su oficio de raíz, y secanse ella y sus ramas, y assi muere por sequedad el hombre, animal y planta, porque la sequedad vaganando, y la humidad radical va perdiendo.

Le dernier chapitre, d’un ton un peu différent, est une invective éloquente contre les passions favorites de l’humaine espèce : l’orgueil formidable qui rend l’homme cruel et méchant ; la sotte vanité qui sacrifie tout aux apparences trompeuses et à l’amour de paraître ; la coquetterie féminine qui se pare sans discernement, et se ruine pour se mettre à la gêne sous prétexte d’élégance. L’auteur se plaît à montrer à l’homme son néant et la fragilité d’une existence éphémère, en rappelant de nombreux exemples de mort subite, et entre beaucoup d’autres ceux qu’on a vus à Alcaraz, pues bastan los que en nuestros dias hemos visto en Alcaráz caerse muertos sin ocasion ninguna, que no es menester nombrarlos, todos ricos y contentos, ninguno pobre. L’homme est un mélange de grandeur et de faiblesse ; la modestie et la bonté lui siéent par-dessus tout. L’auteur insinue ingénieusement en finissant qu’on ne peut mieux travailler à son salut, qu’en observant ces lois naturelles dont la connaissance doit servir principalement à mener une vie paisible, heureuse, exempte de maux. Puis, résumant en termes généraux toute la doctrine, il ajoute : « Quand vous irez à la ville, avertissez les médecins qu’ils se trompent du tout au tout, et vous ferez œuvre méritoire, » y si fueres á la ciudad, avisad los médicos, que su medicina está errada en sus fundamentos, porque es obra meritoria. Ces derniers mots prouvent clairement que la Philosophie nouvelle avait pour but de préparer la rénovation de la médecine par la réforme radicale de la science de l’homme.