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GUARDIA.philosophes espagnols

Au milieu des explications d’une physiologie fantastique, le cerveau n’abdique point sa suprématie ; il règne en souverain sur tous les organes, sur tous les appareils, y compris l’estomac et le cœur, de sorte que c’est lui qui préside à tous les phénomènes vitaux, à la nutrition générale et à la sanguification. Dans la description de l’homme, faite un peu au point de vue des causes finales, il est dit que le cou, qui unit la tête au tronc, sert à tenir l’âme éloignée de la cuisine et à conserver le froid du cerveau, malgré la chaleur du cœur et de l’estomac. De même le diaphragme sert à isoler le cœur et à le tenir à distance des aliments. L’homme est double, c’est-à-dire composé de deux moitiés, droite et gauche, de manière que l’une étant lésée, l’autre reste saine. Bien qu’ayant connaissance de la division du cerveau, l’auteur ne semble pas se douter de la solidarité des deux parties, tant il est pénétré de l’unité de la machine, unité représentée par le système cérébro-spinal et ses membranes ; unité qu’il exagère, au point de faire dériver les voies digestives de ces membranes ou méninges, et la peau, des nerfs ; si bien que les enveloppes cutanées, interne et externe, ne sont, d’après lui, que des expansions nerveuses.

L’estomac, considéré comme le réservoir des aliments, est comparé à une marmite placée sur un trépied, à savoir le foie, la rate et le cœur ; la substance alimentaire est extraite par compression, décoction et évaporation. C’est par les vapeurs des aliments que les centres nerveux se nourrissent durant le sommeil, l’âme étant alors inactive, faute d’images ou de sensations qui la sollicitent, assi entonces el intellectus agens y ratio (que es el ánima) se están quedos, sin accion ninguna, faltando el instrumento de las especies por estar cubiertas y atapadas de aquella niebla y escuridad. Les vapeurs nutritives, converties en chyle par la froideur du cerveau, nourrissent cet organe et toutes les branches dont il est le tronc. La moelle, qui est la continuation du cerveau, fait exactement le même travail par les rameaux nerveux qui se distribuent à toutes les parties. Plus d’un point de cette exposition prouve que l’auteur connaissait l’anatomie du système nerveux, soit d’après Valverde, élève de Realdo Colombo et correcteur de Vésale, soit d’après Charles Estienne, dont les beaux travaux sur la structure de la moelle et le grand sympathique étaient connus depuis plus de quarante ans. Ce qu’il y a de particulièrement remarquable dans ce chapitre, c’est l’importance accordée aux enveloppes du cerveau et de la moelle, et la conception singulière qui assimile la peau à l’écorce des arbres et à une expansion nerveuse, Por esta corteza ó cuero, que es un nervio que cubre todo el cuerpo…

Après avoir traité de la nutrition, l’auteur parle de l’effet des ali-