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frances du prochain, se traduit par des larmes, par l’évanouissement, par des faiblesses dans les membres inférieurs, suite de l’écoulement du liquide cérébral. La perte de la liberté occasionne le même dommage : l’écoulement du liquide cérébral produit des éruptions cutanées, la phthiriase, ou production de vermine, la jaunisse et même la mort. La captivité agit de même chez beaucoup d’animaux. Comme l’auteur est un moraliste, il considère les passions au point de vue de la conscience, et ne manque point de relever les suites désastreuses des inclinations violentes connues sous la rubrique des sept péchés capitaux, mais en physiologiste bien plus qu’en théologien. Il s’arrête particulièrement à considérer les effets de la luxure ; il n’est point de pire ennemi de la vie. L’acte vénérien consume l’humide radical de deux façons en épuisant la moelle épinière, et en débilitant l’estomac, de telle sorte que le cerveau se trouve lésé directement par la perte de sa substance, et indirectement par un vice de la nutrition. Quantité de maladies n’ont point d’autre origine. L’abus du plaisir entraîne souvent la mort.

L’oisiveté et la paresse ont des suites fâcheuses. Les habitants des champs sont plus sains et vivent plus longtemps que les citadins, qui se fatiguent à ne rien faire. L’air pur de la campagne et l’exercice matinal entretiennent la santé et prolongent la vie, tandis que l’abus du repos et du sommeil ramollissent le cerveau : de là tant de maladies qui tourmentent les grands et les princes, et particulièrement la goutte, qui est proprement le mal des riches. Ni les rois ni les nobles n’entendent la vie. La jalousie, pernicieuse chez les hommes, est encore plus funeste aux femmes, et n’épargne point les animaux. On souhaiterait un peu plus de discernement dans le choix des exemples : ici, comme ailleurs, l’érudition fait tort au jugement.

L’homme partage aussi avec les animaux le sentiment de la vengeance, cher aux femmes et aux natures pusillanimes. L’indulgence et le pardon sont propres aux grandes âmes. À la suite de ce chapitre remarquable surtout par l’excellence de la forme, l’auteur passe des émotions qui débilitent l’organisme en soutirant au cerveau l’humide radical, et à l’estomac la chaleur nutritive, par ce qu’il appelle defluxo, decremento, aux émotions salutaires, qui sont, comme il dit, les colonnes de la vie. Il en reconnaît trois : l’espérance, la joie, le contentement ; y joignant la chaleur de l’estomac qui maintient la bonne harmonie des parties, el calor concertado del armonia segunda del estomago. C’est par le concours de ces facteurs que l’âme et le corps vivent dans une concorde parfaite, et que le principe de vie se fortifie, à savoir la substance du cerveau et le liquide cérébral, la medula del celebro y su jugo, et la pie-mère est tout entière à son