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seulement les vues de mon correspondant, mais encore les miennes propres. Parce que Henle est d’accord avec moi (Stumpf), il (Stricker) dit que je suis d’accord avec Henle. Parce que Henle se sert de l’expression « abstraites », Stricker me l’attribue.

Je prie le lecteur d’intervenir dans cette querelle ; je prends la liberté de résumer le tout.

M. Stumpf a lu mon traité sur le langage. Dans l’intention d’en réfuter la théorie, il consulte l’anatomiste de Göttingue qui lui répond : « Dans la question que vous me posez, mes expériences s’accordent avec les vôtres. » M. Stumpf publie cette lettre en ajoutant que, lui aussi, a consulté différents musiciens et que, de tous, il a reçu la même réponse, et se sert de cela comme d’un argument contre moi. La réciprocité de l’entente entre Stumpf et Henle n’est-elle pas par là même documentée ? Et néanmoins M. Stumpf me regarde comme qui dirait un liseur de pensées, parce que j’ai pu lui expliquer qu’il était d’accord avec Henle.

Je reconnais volontiers que M. Stumpf ne s’est servi de l’expression abstraite dans la discussion dont il s’agit en aucun autre endroit, mais je le rends responsable de l’expression. Quand quelqu’un me lance une pierre, je ne m’en prends pas, dans mon accusation, au propriétaire légitime de la pierre, mais à celui qui l’a lancée. Toute la force de la lettre gît dans l’assertion que Henle se forme des représentations de sons abstraites ; car il y était dit que ce qui reste dans le souvenir, après la disparition des images auditives, ne consiste pas, comme Stricker le dit, en images motrices. Et M. Stumpf s’est servi de cette lettre comme d’un argument contre moi et l’a publiée dans ce but.

Dans la même note où M. Stumpf décline la responsabilité de l’expression « abstraites », il s’en charge une seconde fois, car il s’en rapporte de nouveau à des hommes du métier en faveur de son attaque, à Ed. Gurney et à O. Jahn, qui, tous les deux, se servent de cette expression et, à ce qu’il semble, dans le même sens que Henle.

M. Stumpf s’en rapporte (dans sa Tonpsychologie) à Henle, comme au maître, non seulement en anatomie, mais aussi en psychologie. Cela prouve que le témoin Henle est cité comme une grande autorité. Le coup me frappe d’autant plus fortement dans la note subséquente, à mon adresse, par la remarque que je me révolte contre la sentence du maître sur le sens de laquelle il ne peut être consulté aujourd’hui.

Je ne trouve pas exagéré qu’on regarde Henle comme passé maître en fait d’anatomie. Sa grande importance comme anatomiste est incon-