Christ ; en face de la grotte, il est ravi en extase. N’est-ce pas là de l’hypnotisme ? Tout jeune, il a été mis entre les mains des prêtres, et ils l’ont façonné comme pâte molle à leur usage. Ah ! les partis ne savent pas encore à quel point ils ont raison de se disputer l’éducation de l’enfance ! Mais laissons ce sujet.
Peut-être l’hypnotisme, qui, jusqu’à présent, a été principalement affaire de pure curiosité scientifique, pourra-t-il devenir un jour un instrument puissant d’éducation et de moralisation ; peut-être pourrait-on en faire application dans les maisons de correction et de réforme pour les jeunes malfaiteurs. Évidemment, un pareil sujet est trop grave pour être traité incidemment et en appendice. Je n’ai pu toutefois m’empêcher de signaler cette vue à ceux qui se préoccupent de l’avenir de la société, minée aujourd’hui par tant de forces destructives.
À la suite des tristes événements dont notre pays a été le théâtre, M… avait une peur effroyable de sortir vers la brune ; elle redoutait la rencontre d’anarchistes, et chaque coup de sonnette la faisait tressaillir. Je l’hypnotise, la rassure, et lui enjoins d’être dorénavant plus courageuse et moins craintive ; ses terreurs ont disparu comme par enchantement. On peut juger par là de la profondeur à laquelle pénètrent les influences hypnotiques, et quelles traces, pour ainsi dire ineffaçables, elles laissent dans l’âme[1].
Ne pourrait-on pas inspirer aux jeunes délinquants l’horreur de la paresse, le respect du bien d’autrui, l’amour de l’ordre, l’obéissance à la loi ? Pour moi, j’ai de sérieuses présomptions de le croire. Cette puissance nouvelle qui nous est révélée peut semer dans l’âme de l’enfant de bons germes, elle peut y stériliser les mauvais. Dans tous les cas, ce serait œuvre à tenter. Elle ne présente aucun danger, et il est possible qu’elle soit féconde en excellents résultats. Avis aux criminalistes.
- ↑ M. Beaunis, ouvrage cité, p. 64 et suiv., rapporte quelques cas semblables.
