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conclusions pratiques. Les signes de ponctuation en usage qui sont peu visibles, devraient, d’après l’auteur, être remplacés par des blancs (des espaces vides) plus ou moins grands suivant la pause à faire. Il a constaté aussi la grande infériorité de l’alphabet allemand (gothique) à l’égard des lettres romaines. Le K majuscule notamment demande un temps relativement grand pour être reconnu. L’auteur termine par des considérations sur l’étendue de la conscience : on peut voir de 3 à 5 lettres à la fois, suivant les personnes, quelquefois même 6 lettres = deux mots. Les esprits peu cultivés mettent à lire un mot un temps triple ou quadruple.

O. Fischer. Analyse psychologique des phénomènes stroboscopiques. Tout le monde connaît ce jouet inventé simultanément par Plateau à Bruxelles et par Stampfer à Vienne, et qui consiste en ce que des formes indécises à l’état de repos, par suite d’un mouvement de rotation, représentent une course, un jeu quelconque où des hommes et des animaux se poursuivent. L’auteur, d’après ses expériences, l’explique par l’action combinée des images consécutives. Il les résume ainsi : Pour imiter artificiellement le mouvement d’un objet, il faut et il suffit qu’on reçoive en une succession rapide de courtes impressions lumineuses, différentes, également distantes entre elles, sans trop grand éloignement, et que l’œil, dans l’intervalle, ne soit affecté d’aucune autre impression lumineuse. — O. Fischer combat la théorie émise par Stricker dans ses Studien über die Bewegunsvorstellungen dont il a été rendu compte ici (août 1883) et qui explique l’illusion du stroboscope par une association entre les sensations musculaires et les sensations spécifiques, et soutient que l’image visuelle est produite par les efforts musculaires de l’œil pour suivre le mouvement d’un objet comme s’il était réel.

Nedich. La théorie de la quantification du prédicat dans la logique anglaise. L’auteur reprend pour son compte la célèbre thèse de Hamilton sur ce sujet, vivement attaquée par Stuart Mill.

Wundt. Le concept de loi et la question de l’absence d’exception dans les lois phonétiques. La nouvelle science du langage a changé l’acception que le mot loi avait dans l’ancienne grammaire, pour se rapprocher de celle qui est admise par les sciences naturelles. Il existe sur ce point, parmi les linguistes, des débats qui ont un intérêt logique. L’auteur montre que le sens du mot loi a été à l’origine moral ou social. Même au commencement des temps modernes, Copernic, Kepler, Descartes, Newton, emploient, pour les phénomènes naturels, les mots axiomes, règles, postulats, hypothèses. Ce n’est que successivement que le concept de « loi naturelle » s’est formé. Mais les savants ne prennent ce mot que comme une métaphore, comme un moyen abrégé de décrire les phénomènes. Ils ne connaissent que les faits qu’ils ont à décrire le plus exactement possible. — Tout autre est le point de vue en histoire, sociologie, linguistique. Là, le mot loi exprime une liaison constante de causes et d’effets ; mais cette liaison est difficile à trouver. Aussi quand les linguistes disent que les lois phonétiques sont sans