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société de psychologie physiologique

fortement un objet, lorsque nous voulons en réveiller l’image chez les autres, nous tournons nos regards vers le lieu où il se trouve et nous l’indiquons par le geste, bien qu’il nous soit impossible de l’apercevoir.

Faibles ou fortes, les images du monde externe nous apparaissent donc toujours comme extérieures à notre moi. Elles lui appartiennent en tant que connaissances, acquisitions intellectuelles, mais elles ne sont pas lui. Cette distinction est évidente dans les cas pathologiques où les images deviennent l’objet d’un automatisme indépendant du moi. Nous y reviendrons tout à l’heure.

Pour être moins évidentes, les images relatives à notre moi proprement dit ne constituent pas moins une partie importante de nos représentations mentales. S’il paraît exagéré de les mettre au même rang que les images du monde externe, cela tient, je crois, à deux causes principales.

La première est que la vivacité de ces images est sans doute fort variable chez les différents individus, comme l’est l’aptitude à l’introspection. Si l’on admet des visuels, des auditifs, etc., on peut admettre aussi qu’il y a des intimes. Il est clair que les esprits plus objectifs que subjectifs, peu portés à méditer sur les phénomènes les plus intérieurs de l’activité psychique, seront disposés à en diminuer l’importance et même à en nier les images.

La seconde raison tient à la difficulté de séparer l’image du fait psychique correspondant. Prenons pour exemple les volitions.

Chaque volition, étant perçue par le sens intime, doit laisser une sorte d’image intérieure ; les images successives de nos innombrables volitions se superposent et se fusionnent dans ce qu’elles ont de commun, et cette image commune se confond à chaque instant avec nos volitions présentes, de même que l’image d’un objet extérieur se fusionne avec la sensation produite par l’objet présent.

Il en est de même pour les sentiments, pour les impressions morales qui constituent le côté vraiment subjectif de nos sensations et qui appartiennent au moi proprement dit, tandis que les images visuelles ou auditives lui restent extérieures.

Malgré toutes les difficultés inhérentes à ces problèmes si ardus de la psychologié, difficultés qui se manifestent tout particulièrement dans l’observation intérieure, il ne me paraît pas niable que les actes psychiques perçus par le sens intime ne laissent des images, des résidus comme le font les sensations externes.

Ce seraient ces images véritablement intérieures qui constitueraient, dans l’ensemble du tableau mental, le domaine du moi proprement dit.

Mais ce n’est pas tout, il existe encore une catégorie d’images qui n’appartiennent exclusivement ni au monde externe, ni au moi. Ce sont les images relatives à notre corps.

Perçu objectivement par nos sens externes, notre corps est représenté comme le sont les objets extérieurs ; mais en même temps il fournit une foule de sensations obscures se confondant avec les don-