Page:Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome XXI, 1886.djvu/666

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
662
revue philosophique

les auteurs de livres classiques. Ici encore, ce mépris n’existe-t-il que de l’autre côté de la Manche ? Que le lecteur parcoure seulement une grammaire française et il verra les singulières définitions que se transmettent les grammairiens, ou un livre de physiologie et il verra quelles singulières métaphores servent à masquer l’ignorance de l’auteur.

Passant au vocabulaire philosophique, et examinant un certain nombre de termes tels que conscience, idée, sujet-objet, bonheur, sympathie, intention, vertu, sensation, raison, vérité, il n’a pas de peine à montrer la confusion qu’a produite et que devait fatalement produire l’absence de définitions exactes, précises et universellement adoptées. Ce chapitre est très intéressant, ainsi que les deux suivants, où l’auteur montre l’importance de la séparation des questions en philosophie et indique la manière dont, à son avis, devraient être posés les problèmes philosophiques. Le dernier chapitre du livre est consacré à la définition en biologie, puis viennent un appendice sur Boèce et un résumé du traité de divisione de cet auteur.

Par ce que nous avons dit le lecteur a pu juger des qualités et des lacunes du livre de M. Davidson. Il ne prétend point à l’originalité, il veut seulement rappeler à l’observation des lois logiques. Pour cela il montre par des exemples la confusion et les sophismes qui résultent de leur non-observation dans divers domaines de la pensée, dans les dictionnaires et les livres classiques, non moins qu’en philosophie et en biologie. L’auteur ne s’était sans doute pas proposé de relever toutes les fausses définitions ; dans combien d’autres domaines n’aurait-il pas eu à en relever, dans la politique, le droit et même dans les mathématiques ? Tel qu’il est, ce livre très intéressant, clair et agréable, pourra servir à montrer l’utilité de la logique. Nous ne pouvons que remercier M. Davidson de l’avoir écrit.

G. Fonsegrive.

Jimeno Agius : La criminalitad en España (Revista de España, oct. à déc. 1885).

Napoleone Colajanni. La delinquenza della Sicilia, e le sue cause (Palermo, 1885).

La criminalité espagnole et la criminalité sicilienne ne sont pas sans quelque similitude ; et il me semble que leur étude, par les travaux récents de M. Jimeno Agius pour la première et de M. Napoleone Colajanni pour la seconde, est propre à confirmer le point de vue auquel je me suis souvent placé ici même, l’explication du délit par des raisons avant tout sociales.

I. — Occupons-nous d’abord de l’Espagne. Bien que la statistique criminelle de ce pays soit une fontaine intermittente et porte seulement sur les années 1843, 1859-60-61-62, 1883 et 84, les résultats en sont assez transparents. On dirait qu’à partir d’une certaine époque comprise dans