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ANALYSES.davidson. The Logic of Definition.

Or, cela ne peut se faire qu’à la condition de conserver aux mots un sens toujours identique. Mais on peut cependant être amené à abréger le sens des mots. On en a surtout le droit dans les sciences objectives, par exemple en botanique ; les sciences subjectives laissent moins de liberté à l’écrivain. Il y a même des cas où l’emploi d’un mot nouveau est obligatoire ; c’est, par exemple, quand il faut désigner une invention ou une découverte nouvelle. Mais, dans tous les cas, quand on a pris un mot dans un sens, on doit toujours le prendre dans le même sens, par suite ne pas changer sa définition.

Qu’est-ce donc que la définition ? Elle répond à deux questions : 1o qu’est-ce que cette chose ? 2o comment arrivons-nous à connaître cette chose ? En d’autres termes, elle est à la fois un moyen et une fin, un procès et un produit. Regardée comme un procès, la définition peut être inductive ou déductive. La définition que l’auteur nomme « inductive » est celle que nous appelons en France « empirique » ; et celle qu’il appelle déductive », nous la nommons « géométrique », depuis la thèse de M. Liard[1] sur ce sujet. — Regardée comme un produit, la définition peut être obtenue de six façons : 1o par énonciation du genre et de la différence ; 2o par division et analyse ; 3o par négation ; 4o par description ; 5o par étymologie ; 6o par similitude accompagnée d’exemples.

La définition ne peut s’appliquer à tout, et les logiciens ont reconnu qu’il y a au moins deux choses indéfinissables, le summum genus, l’être pur, et la species infima, l’individu. À quoi M. Davidson veut qu’on ajoute toutes les notions qui ont besoin d’une expérience immédiate pour être connues. Il nous permettra de lui demander ici si toutes ces notions ne sont pas précisément comprises dans les species infimæ des logiciens. — Après cet essai d’innovation l’auteur expose les lois d’une définition parfaite ; une telle définition doit être : 1o précise et simple ; 2o intelligible ; 3o non tautologique, c’est-à-dire qu’on ne doit pas faire entrer dans la définition le mot à définir. Après ces considérations peu originales, comme on le voit, et quelques autres qui ne le sont pas plus sur la définition incomplète, l’auteur aborde la seconde partie de sa tâche.

Il émet d’abord un bon nombre de réflexions sensées sur les définitions des dictionnaires et, bien qu’il ne parle que des ouvrages anglais, nos lexicographes pouvaient prendre pour eux une bonne part de ses critiques et de ses conseils. Quand il reproche à ses compatriotes de ne tenir que bien peu de compte des lois logiques de la définition dans leurs dictionnaires, de répéter le mot à définir, de suivre un ordre arbitraire dans l’énumération des sens différents d’un même mot, est-ce que tout ce qu’il dit n’est pas applicable à la plupart des dictionnaires que nous connaissons ? M. Davidson n’a pas moins raison quand il se plaint du mépris des règles de la définition dont font preuve

  1. Les définitions géométriques et les définitions empiriques, in-8o, Paris. Ladrange, 1873.