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ANALYSES.g. c. robertson. Hobbes.

pouvez m’entretenir de choses plus intéressantes : quand avez-vous vu Gassendi ? » En 1650, il fit paraître en deux parties, intitulées « Human Nature » et « De Corpore Politico », l’ouvrage qu’il avait composé dès le début de la guerre civile. En 1651, il publia une traduction anglaise du de Cive. La même année paraissait le Leviathan, divisé en 4 parties ; la première traite de l’homme, la seconde de l’origine de la société, considérée comme une entité distincte, produite cependant par l’art humain, ayant des organes, des fonctions vitales comme un être humain soumise comme lui à la décadence et à la mort. La troisième partie traite d’une société chrétienne ; elle contient une critique rationaliste des Écritures qui a pour objet de couper court aux prétentions des Églises catholique, anglicane ou presbytérienne. La quatrième partie traite du Royaume des ténèbres : les désordres civils viennent, dit-il, du désordre ecclésiastique ; ils s’expliquent par les mauvaises interprétations de l’Écriture, par la survivance des superstitions païennes, par les erreurs de la philosophie ancienne. Dans la conclusion, Hobbes affirme le droit qu’a un sujet ordinaire de se tourner vers un pouvoir nouveau, capable de le protéger, lors même qu’il n’approuverait pas la manière dont ce pouvoir a pris naissance. Hobbes offrit au jeune roi, réfugié à Paris après la défaite de Worcester, une copie manuscrite et spécialement préparée pour lui de ce dernier ouvrage, ce qui démontre suffisamment l’erreur de ceux qui ont soutenu, après Clarendon, que le livre avait été écrit pour justifier l’usurpation de Cromwell. Mais l’ouvrage déplut aux membres exilés du clergé, et le jeune prince refusa, quelque temps après, d’admettre Hobbes en sa présence. Suspect au parti royaliste, qui l’accusait de déloyauté et d’athéisme, il se voyait exposé, à cause de ses attaques contre le catholicisme, aux attaques du clergé français. Il prit le parti de retourner en Angleterre ; arrivé à Londres, il envoya sa soumission au Conseil d’État et on lui accorda immédiatement la permission de rester en Angleterre. En 1655, il publiait le de Corpore, qui peut être considéré comme le complément de son système philosophique. Ce qui distingue son œuvre, c’est, comme on l’a déjà dit, son caractère compréhensif (comprehensiveness). La logique, la philosophie première, la géométrie, la mécanique, la physique, la psychologie, la sociologie et la morale ont toutes leur place dans son système. Il a quelque chose à dire sur chacune d’elles et tout ce qu’il dit est parfaitement lié.

À partir de 1652 se placent les discussions de Hobbes avec Bramhall, contre lequel il publie en 1656 ses Questions concernant la Liberté, la Nécessité et le Hasard ; avec Ward et Wallis, auxquels il répond en 1656 dans sa traduction anglaise du de Corpore, et réplique en 1657 dans un ouvrage spécial. En 1658 il publie le de Homine ; en 1660 il fait, dans cinq Dialogues écrits en latin, une nouvelle critique des théories mathématiques de Wallis. Il écrit contre Boyle et les membres de la Société royale le Dialogus physicus, sive de Natura Aeris, auquel répondent Boyle et Wallis. Ce dernier l’accuse d’avoir composé le