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IV

Nous avons analysé avec soin la première partie de la Logique de M. Lotze, nous attachant surtout à traduire et à conserver le mouvement logique de la pensée. La place nous manquerait pour continuer ce travail pour les deux dernières parties, moins originales d’ailleurs et partant moins intéressantes. Nous signalerons cependant dans la deuxième partie une note sur le Calcul Logique de Boole où se trouve discutée et jugée avec une grande justesse de vues la théorie de la Quantification du prédicat. M. Lotze est loin de marquer de l’enthousiasme pour ce que l’on nomme emphatiquement en Angleterre la Nouvelle Analytique ; et après ce que nous avons dit plus haut qu’il n’admet d’équation qu’entre les termes de quantités et non entre ceux qui expriment des qualités, il n’était pas difficile de le supposer. Signalons encore un chapitre sur la probabilité et sur la question du nombre des votants dans les élections. La troisième partie renferme des chapitres intéressants sur le scepticisme, le monde des idées, sur les méthodes à priori et à posteriori, sur la signification réelle et idéale des actes logiques et enfin sur les vérités à priori. Ce dernier chapitre est d’une très haute importance pour l’intelligence du système de M. Lotze. L’auteur y montre que la loi d’identité est insuffisante pour fonder une connaissance quelle qu’elle soit et que dans la formation de toute connaissance se trouve une part d’activité synthétique.

Si maintenant le lecteur réclame de nous un jugement d’ensemble sur l’ouvrage que nous venons d’analyser en partie, nous dirons d’abord que parmi les idées les plus remarquables de M. Lotze il y en a qui sont nées et ont été imprimées en France en même temps qu’en Allemagne. Ceux qui ont lu la thèse de M. Lachelier de Naturâ syllogismi[1], ses Leçons inédites de logique, ou qui ont eu le bonheur de suivre son enseignement en ont reconnu quelques-unes. Ainsi l’impossibilité de réduire la logique aux équations mathématiques fait le fond de la thèse de Naturâ syllogismi, la théorie de la classification telle que l’expose M. Lotze se retrouve dans le Cours inédit, et nous trouvons des idées analogues exprimées dans la Logique publiée chez Masson par M. Liard. Ceci dit, non pour diminuer le mérite de M. Lotze qui ne doit rien à nos auteurs, mais pour revendiquer ce qui nous appartient. Nous regrettons à ce propos que l’attention de M. Lotze n’ait pas été attirée sur le très important article publié ici même en 1876 par M. Lachelier. Il y aurait

  1. Paris, Ladrange, 1871.