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FONSEGRIVE. — la logique de lotze

devrons-nous diriger cet idéal progressif ? C’est ce qu’il faut rechercher. Le développement des concepts est conditionné par autre chose que par ces concepts eux-mêmes, à savoir par les relations qui existent entre ces concepts pris comme attributs d’un jugement et l’opération totale d’un jugement. Cette condition doit trouver sa place dans un système logique. Alors même qu’on professerait la théorie que les concepts sortent les uns des autres selon des lois purement extensives, il faudrait encore étudier ces lois qui seraient alors les conditions du développement des concepts. À plus forte raison, si l’on adopte une théorie de la détermination compréhensive des concepts. Ainsi la classification elle-même nous conduit au delà du concept particulier jusqu’aux lois universelles de connexion entre les attributs, ce qui nous confirme dans notre manière de nous représenter le concept comme déterminant une connexion entre les attributs. Si le concept représente les choses, une chose ne sera donc que le résultat selon les lois universelles d’une somme de conditions. C’est cette vue qui domine la science moderne. La science d’autrefois ne faisait que classer ; la science moderne veut en outre expliquer ; de là le caractère mécanique qui la domine. La classification idéale aboutirait donc à la découverte des rapports véritables qui unissent sous les lois et les conditions toutes les choses. Il faut reconnaître que cet idéal ne peut pas se satisfaire.

Cette assertion que les choses individuelles ne sont que des assemblages, sous des lois générales, de caractères généraux semble mettre en opposition la science et l’esthétique. Car comment peut-il y avoir beauté s’il n’y a plus de caractères individuels ? Mais cette apparence est trompeuse. En effet la mineure joue dans le raisonnement un rôle à la fois esthétique et logique, car elle nous montre que les événements particuliers sont soumis à des lois et ne sont pas l’effet du hasard, elle constitue par conséquent le point de jonction du singulier et du général. Nous voyons par là que les lois ne sont pas quelque chose d’extérieur à la réalité, mais qu’elles constituent sa véritable nature, et cela nous amène à concevoir l’idéal suprême de la pensée sous la forme de la loi universelle où se trouve la source d’existence qui se développe dans le monde. Cette loi n’est pas seulement une conception idéale, mais le sujet même de la réalité, ce sujet impersonnel que nous affirmons dans le premier jugement. C’est ainsi que la nature ressemble à un organisme vivant. Nous sommes arrivés au seuil même de la Métaphysique dont la Logique n’est que la préparation.