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et lorsque dans des circonstances différentes en apparence et dans différents sujets P, S, T, V, le même M se montre, cela doit inévitablement se produire grâce à quelque élément commun Σ, qui est la véritable condition identique de M ou le vrai sujet de M. — La position de la mineure est rendue possible par l’inférence analogique. Il n’est pas probable que la rencontre d’attributs semblables dans différents sujets soit due au hasard, c’est cette probabilité qui fonde le raisonnement analogique. On peut donc justifier à l’aide de l’induction et du raisonnement par analogie le raisonnement syllogistique et le mettre à l’abri de tout reproche.

M. Lotze s’occupe ensuite des raisonnements mathématiques et il montre que le fond de ces raisonnements consiste dans des substitutions de termes égaux et que de tels raisonnements ne sont possibles qu’entre des termes qui n’expriment que des quantités. Seuls en effet ces termes peuvent s’égaler rigoureusement les uns les autres. Mais dès que l’on veut établir des relations entre des termes qui expriment des qualités il ne peut plus y avoir équation, mais hiérarchisation et dépendance des termes. Or, le procédé logique qui établit la manière dont les termes dépendent les uns des autres se nomme classification.

La classification porte sur des concepts. Un concept, nous l’avons vu, n’est pas une simple somme d’attributs, mais une connexion d’attributs hiérarchisés selon une loi. C’est par un mécanisme psychique que se forme le concept, et il semble dès lors qu’une réunion d’attributs quelconques constitue un concept, mais le véritable concept est formé seulement par l’union des attributs essentiels et a ainsi son fondement dans la réalité. Distinguer les attributs essentiels de ceux qui ne le sont pas, telle est l’œuvre propre de la classification. La véritable classification est celle qui non seulement découvre les attributs essentiels, mais encore les range selon leur ordre de dépendance réciproque dans la constitution même de l’objet, on a alors les véritables idées constitutives des choses. Ces idées nous paraissent avoir une activité et un but. Ainsi se hiérarchisent logiquement les espèces selon le développement de l’idée.

L’espèce logiquement la plus parfaite est celle dans laquelle tous les attributs ont la plus haute valeur donnée par le genre. Mais chaque genre peut avoir lui-même un modèle de perfection dans un genre plus élevé. Nous sommes ainsi conduits à concevoir un genre suprême dont l’activité conduit et gouverne le développement de tous les autres. Nous avons là l’idéal et non le type de la classification naturelle. Le type en effet est une perfection stationnaire de l’espèce, l’idéal une perfection progressive. Mais dans quel sens