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FONSEGRIVE. — la logique de lotze

générale de l’esprit logique à regarder le coexistant comme cohérent nous pousse à affirmer la connexion des raisons et des conséquences. L’expérience répond à notre attente, mais nous ne rencontrons pas ici une nécessité semblable à celle que nous imposait le principe d’identité. Un monde sans raison suffisante n’est pas absurde il pourrait être conçu, mais il ne pourrait pas être connu. Ce qui nous pousse à tout soumettre au principe de raison c’est que nous le sentons agir dans toute expérience mentale. Or, le monde de l’esprit est pour le moins aussi réel que le monde externe ; les objets de l’expérience mentale, les pensées, répondent donc à notre tendance logique et en rendent la réalisation possible. C’est ainsi que le principe de raison arrive à faire partie de notre substance mentale, non à titre de nécessité, mais à titre de fait.

Il nous reste à déterminer comment, dans chaque cas déterminé, A combiné avec B forme la raison adéquate de C. Pour éviter d’avoir à se poser cette question à chaque expérience nouvelle, il doit y avoir un principe dans lequel nous trouvons nécessairement la connexion des trois termes A + B = C en un seul universel. Si nous désignons A + B par M, la formule logique de ce principe sera : tout sujet peut recevoir comme prédicat ce qui est requis par le concept du genre auquel il appartient. On voit par là que la subordination de l’individuel à l’universel est l’instrument logique compréhensif qui s’applique aux données de l’expérience.

La première forme du jugement général est la proposition quantitativement indéterminée : l’homme est mortel, le péché est punissable. Au point de vue logique, ce jugement se distingue de la proposition universelle : tous les hommes sont mortels, qui n’exprime qu’une collection de jugements singuliers, un total qui peut ne pas être complet. Au contraire, le jugement indéterminé exprime une loi qui ne comporte pas d’exception. Ce jugement peut donc être véritablement appelé apodictique, puisqu’il énonce, outre le fait, la raison du fait. Le sujet logique n’est pas le concept homme par exemple, mais le S individuel qui participe au type. La formule de ce jugement n’est donc pas M est P (M désignant, comme nous l’avons dit, A + B, dans le jugement hypothétique A + B = C), mais S est P ; or, S ne peut être P que s’il est M, par suite le jugement hypothétique : si S est M, S est P, est la condition du jugement apodictique.

Tant qu’un concept générique universel M se présente comme sujet dans un jugement général, le prédicat P qui lui est joint doit être compris avec une égale universalité. P est en effet l’attribut du sujet universel et non du sujet individuel S. Comment alors corriger