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lement, et que C n’a existé qu’une fois. Nous n’affirmons pas ainsi une relation entre les parties d’un contenu, mais nous affirmons le contenu spécial d’un seul fait.

Mais, en réduisant ainsi le jugement catégorique à une identité, nous avons exclu de S toutes les circonstances qui lui donnaient un contenu plus vaste que Σ ; or, sans ces circonstances, Σ lui-même n’aurait pas pu se produire. Par conséquent ces circonstances sont des conditions de S. La théorie du jugement catégorique nous conduit ainsi à celle du jugement hypothétique dont la forme est si est S, S est P, ou encore si S est Q, S est P.

Pourquoi poser comme condition de l’existence de Σ les attributs qui composent l’ensemble de S ? Parce que nous sentons que ces attributs sont liés à Σ, qu’il y a entre eux et Σ une cohésion invincible. Il est clair que si cette cohésion existe, Σ doit être lié à ces attributs comme à ses propres conditions. Chaque élément d’un ensemble en effet est fonction des autres éléments. Ce n’est plus ici le principe d’identité que nous invoquerons pour justifier le jugement. Le principe d’identité affirme l’identité des éléments différenciés en tant que tels ; il ne peut rien dire de la dépendance réciproque de ces éléments. Réfléchir sur cette dépendance des choses c’est faire de la métaphysique d’après le principe de causalité efficiente. La Logique ne s’occupe que de la raison suffisante, c’est-à-dire non pas des relations réelles entre les choses, mais des relations purement idéales. Si nous adoptons comme expression du principe d’identité cette formule A = A, et A + B = C comme expression du principe de raison, nous appellerons raison le sujet A + B et conséquence le prédicat C. Nous verrons alors que les deux parties du sujet A et B sent en relation réciproque et que c’est leur cohésion qui détermine C. Or, nous avons vu que tout jugement catégorique revenait à cette forme Σ + C est P, car S = Σ + C (C désignant les circonstances de S autres que Σ). Il s’ensuit donc que le jugement catégorique dépend du principe de raison non moins que du principe d’idendité. C’est Herbart qui a fait le premier cette démonstration.

M. Lotze tire de ces considérations dont personne ne contestera l’intérêt et la nouveauté les réflexions suivantes sur les différences qui séparent les deux principes d’identité et de raison. Le premier se rapporte aux éléments et s’impose nécessairement à la pensée à cause de l’impossibilité de son contraire ; le second régit la combinaison des éléments et n’est « qu’une assomption de relativités mutuelles dans la matière pensable dont la vérité est garantie par une impression concentrée de toute l’expérience ». Une tendance