Page:Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome XXI, 1886.djvu/626

Cette page n’a pas encore été corrigée
622
revue philosophique

voir, il faut un fondement qui permette d’unifier les différents attributs de la chose. Comment découvrons-nous ce fondement ? En comparant les uns aux autres des exemples différents ou en observant le même exemple dans diverses circonstances. Si, par exemple, nous observons le groupe d’attributs a, b, c, d et le comparons aux groupes a, b, c, f, a, b, c, g, nous verrons que nous pouvons poser le groupe commun a b c comme le lien de tous les groupes divers. C’est ainsi que la comparaison est indispensable à la synthèse logique.

Il entre sans doute de l’abstraction dans la comparaison, mais cette abstraction n’est pas le résultat de l’élimination pure et simple des différences, d’une négation ; elle provient aussi de la position du contenu de l’abstraction, d’une affirmation. Dans l’exemple cité, considérer a, b, c, c’est certainement abstraire, c’est-à-dire éliminer d, f, g, mais c’est aussi et surtout poser a, b, c, donc affirmer. Cet élément a, b, c, commun à plusieurs idées et qui est le concept même, est l’universel logique. « Dans tous les cas donc, l’universel est produit, non en éliminant simplement les attributs différents p1 et p2, q1 et q2, qui se montrent dans les individus que l’on compare, mais en substituant à leur place les attributs universels P et Q, dont p1 et p2, q1 et q2 sont des espèces particulières. » La loi de l’abstraction consiste donc à compenser l’omission des attributs individuels par la position de l’universel qui leur correspond. Ainsi se forme un second universel qui est proprement logique et qui a besoin, pour se former, du premier universel que la Psychologie nous avait déjà montré enveloppé dans les impressions.

Le concept s’exprime par un nom général qui a une extension et une compréhension. M. Lotze se demande s’il y a des concepts singuliers. On sait qu’Aristote n’admettait pas de tels concepts. M. Lotze les admet à la condition qu’on considère l’individu singulier comme un assemblage défini de qualités générales. Un universel peut à son tour n’être pas un concept et n’être qu’une image générale. Un sujet S, pour avoir le droit d’entrer dans la logique, doit porter en lui la loi organique de la connexion des attributs qui le composent. Ces attributs d’ailleurs ne sont pas égaux entre eux, ils se déterminent les uns les autres selon un certain ordre de dépendance. Il suit de là que le symbole de la structure interne d’un concept n’est pas une équation de cette forme S = a + b + c + d mais une équation de cette forme : S = (a, b, c).

De ces considérations découlent les lois de la subordination des espèces au genre et par suite de la subsomption. M. Lotze définit l’espèce : le concept qui peut être représenté sous une forme imaginative ; le genre, ce qui ne peut l’être et est seulement exprimé. Pas-