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FONSEGRIVE. — la logique de lotze

tions diverses que nous comparons les unes aux autres. Mais nous ne pouvons comparer les choses diverses sans qu’il entre un élément commun dans toutes ces relations. Cet élément commun ne peut être qu’un universel. Mais cet universel n’est pas un concept formé par la pensée, ainsi que l’ont cru les logiciens. Il sert à expliquer la pensée et par suite ne doit pas en résulter. Il n’est donc pas un produit de la pensée, mais quelque chose que la pensée découvre en elle-même. L’universel qui entre dans la composition de toute idée n’est pas lui-même une idée, car toute idée a quelque particularité qui permet sa position devant l’esprit. Or, l’universel ne peut avoir de telles particularités.

Grâce à cet universel nous pouvons : 1o combiner des éléments hétérogènes ; 2o différencier des éléments homogènes, et nous formons ainsi trois couples d’idées de quantité : le plus et le moins ; le grand et le petit ; l’un et le multiple, car sans ces idées de quantité nous ne pourrions différencier les idées les unes des autres, et dès lors nous ne pourrions pas comparer leurs relations. Une idée est donc formée par la position d’une impression, par sa distinction avec les autres, par la comparaison de ses relations entre elles, comparaison que rendent possible l’universel et les idées de quantité qui en résultent. La Logique ne va pas plus loin. Elle laisse à la Psychologie le soin de rechercher comment naissent et se développent ces idées de quantité, et aux mathématiques celui d’en déduire les conséquences contenues dans leur essence. Une idée est donc formée par la position d’une impression ou affirmation, par la distinction de cette impression, c’est-à-dire par une négation, par une comparaison, c’est-à-dire par une quantification.

Mais nous n’avons encore qu’une représentation consciente ; les divers moments que nous avons distingués dans la formation de l’idée sont donnés dans une réceptivité passive, l’idée est formée dans l’esprit ; elle n’est pas formée par l’esprit. Ce que l’esprit forme en agissant lui-même n’est plus une idée, mais un concept. C’est dans cette formation que l’esprit devient actif. Toute activité de l’esprit constitue une synthèse. Or, il y a deux sortes de synthèses ; la première est une synthèse de l’appréhension, qui fait que les idées se rencontrent dans une seule et même conscience. Cette rencontre est assurée par l’unité de l’âme et le mécanisme de la mémoire. Cette première synthèse n’est pas un acte logique, mais reste purement psychologique. La seconde synthèse est une synthèse de la perception, qui pose les idées dans des points définis et séparés de l’espace et du temps. Cette synthèse n’est autre chose que la connaissance de la chose. Pour arriver à connaître ainsi les choses, à les conce-