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FONSEGRIVE. — la logique de lotze

second cas, les idées changent tandis que la nécessité qui les unit reste invariable. S’occuper des lois nécessaires et invariables qui unissent les pensées est l’œuvre du logicien ; le psychologue s’occupe de décrire le cours des idées et de découvrir ses lois.

La Psychologie est ainsi une science de fait et la Logique une science de droit. Le psychologue constate ce qui est, le logicien analyse ce qui doit être. Ce dernier doit aussi tirer de cette analyse des conséquences pratiques pour découvrir la réalité constitutive des choses et même déterminer un idéal de la connaissance complète où la pensée serait achevée et arrivée à la perfection. La Logique a donc trois parties qui correspondent dans l’ouvrage à autant de livres : 1o la logique de la pensée ou logique pure ; 2o la logique de la recherche ou logique appliquée ; 3o la logique de la connaissance ou méthodologie. Nous n’analyserons ici que le premier livre de beaucoup le plus important en nous efforçant de suivre autant que possible la pensée et l’expression même de l’auteur.

Concevoir, juger, raisonner, sont les trois opérations de l’esprit, disait l’ancienne logique. M. Lotze n’est pas d’un autre avis ; aussi nous donnera-t-il une théorie du concept, une théorie du jugement et une théorie du raisonnement.

I

Qu’est-ce qu’un concept et quelles sont les lois du concept ? Pour répondre à cette question, M. Lotze commence par nous expliquer comment les impressions se changent en idées, comment à leur tour les idées entrent comme éléments dans les concepts. Les impressions ne sont que des états de conscience, de purs modes de nous-mêmes qui tantôt restent enfermés en nous et sont complètement inintelligibles aux autres hommes, et d’autres fois deviennent intelligibles aux autres et ont alors en dehors de nous une certaine valeur. Quand est-ce que cela arrive ? quand nous parvenons à nommer nos états, à les exprimer par un signe verbal. C’est alors que l’impression est transformée en idée, ce qui n’était que nôtre les autres y peuvent participer, le sujet devient objet. Par l’acte logique qui consiste à créer un nom, nous faisons de l’idée un objet. Mais il est bien clair que cet objet ne doit nullement se confondre avec la réalité des choses. De même les parties du discours, le sujet, le verbe, l’attribut, ne doivent pas se confondre avec la substance, l’événement, la propriété, qui sont des objets réels, métaphysiques, tandis que le sujet, le verbe, l’attribut ne sont que des objets idéaux, logiques.