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Toute cellule est dans un certain état physiologique, c’est-à-dire anatomique, physique et chimique ; et une excitation, quelle qu’elle soit, modifie cet état, puisque c’est la condition même de toute excitation, et qu’il n’y aurait pas d’excitation s’il n’y avait pas changement de l’état de la cellule. Ce changement d’état peut être très prolongé ; car la réparation est longue à se faire s’il y a eu dans la constitution chimico-physique ou dans la structure histologique de la cellule des modifications profondes qui ne se peuvent réparer qu’à la longue. Même si la cellule conserve son immobilité, elle n’en aura pas moins subi une certaine atteinte, invisible à nos grossiers moyens d’investigation, mais qui se traduira par une excitabilité différente de l’excitabilité primitive.

Ce changement d’état latent, invisible, qui se prolonge alors que

[Image à insérer]

Fig. 1. Mémoire élémentaire. — M, contraction musculaire ne survenant qu’à la cinquième excitation.

tout semble être rentré dans l’ordre, c’est la mémoire élémentaire.

Nous pouvons a posteriori nous rendre compte de la nécessité de ce phénomène. Tout mouvement moléculaire, quel qu’il soit, d’ordre physique ou d’ordre physiologique, prend la forme d’une vibration ondulatoire. Il va de soi que la période de ces vibrations est différente ; or la vibration nerveuse semble être extrêmement longue par rapport aux vibrations physiques de l’éther lumineux ou de l’éther électrique, ou de l’éther pesanteur[1]. De sorte qu’alors que l’onde électrique, vibration qui a provoqué la réponse de la matière nerveuse sous forme de vibration nerveuse, est depuis longtemps terminée, la vibration nerveuse est encore dans son plein, et ne s’éteindra que longtemps après.

  1. Je n’ignore pas les défectuosités de cette hypothèse de Péther ; mais les physiciens n’ont pas encore pu la remplacer d’une manière satisfaisante.