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réel, qui jouit et souffre ; tout animal mesure les distances et les durées et a le nombre réel. Le nombre abstrait se trouve assez tard, comme une monnaie qui sert d’échange même au Japon. Les sauvages et les enfants la méprisent, mais ils en reconnaissent l’utilité. Toutes les sensations, tact, saveur, odeur, son, vision, résultent de la synthèse d’un grand nombre de vibrations ; entre ces divers sens, il y a toujours harmonie. Il y a une correspondance parfaite continue entre le microcosme et le macrocosme. Les problèmes gnoséologiques kantiens se résolvent pythagoriquement. Les problèmes de force se réduisent à des équations numériques. Les sciences considèrent le mouvement comme objectif dans l’espace absolu, et cherchent à rendre tout le savoir sensible, visible.

L’évolution anticléricale allemande dans la confusion de l’espace. — Le germe de l’idéalité de l’espace dans la scolastique du moyen âge et dans Leibnitz, d’où dérive la confusion d’aujourd’hui. Critique de la confusion de Kant, Fichte, Schelling, Hegel, Herbart, Schopenhauer, Hartmann, Buhnsen, Lange, Spencer, Stallo et des métagéomètres, Progressive victoire sur l’erreur de Lotze, Ueberweg, Wundt, Kromann. — L’auteur conclut, avec G. Bruno, Newton et Euler, que l’espace absolu, invariable, est très réel,

B. P.

Philosophische Monatshefte.

Baumann. — Wundi, sa théorie de la volonté, et son monisme animiste. Baumann avait déjà autrefois[1] adressé un certain nombre d’objections à la métaphysique de Wundt, qui domine toute sa psychologie physiologique. Wundt y à répondu dans ses Philosophische Studien. Baumann réplique et résume ainsi les diverses remarques qu’il a faites aux réponses de Wundt. Le concept de la volonté chez Wundt ne s’accorde ni avec la langue de la science, ni avec la langue littéraire, et, par suite, devient une cause d’erreur. Autant on peut accepter la partie fondamentale de son opinion, à savoir que l’âme est active dès l’origine, autant on doit s’opposer à une manière de parler qui conduit nécessairement à l’erreur. S’il fait valoir en faveur de sa conception de la volonté le point de vue génétique, ce point de vue est une hypothèse métaphysique, car il suppose un étroit parallélisme entre le psychologique et le physiologique, qui, tous deux, ne formeraient en principe qu’une seule et même chose. L’explication qu’il donne de son monisme animiste ne s’accorde pas bien avec ses développements antérieurs, et sa théorie tombe sous les mêmes objections que le spiritualisme monistique. Cependant, il convient d’attendre les explications plus étendues qu’il a promises.

Vaihinger. — Une prétendue réfutation de l’erreur de pagination dans les Prolégomènes de Kant. Vaihinger reprend successivement les

  1. Revue philosophique, XV, p. 341, XIX, p. 110.