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parce que seuls ils existent en soi. La substance est un sujet d’inhérence, le substratum des modes qui en accompagnent les états durant son existence, L’idée d’inhérence implique elle-même deux rapports : l’opposition entre l’unité et la multiplicité de l’objet, et entre le transitoire et le permanent. La substance n’est donc ni l’unité vide du criticisme, ni le res indéterminé que laisse la distinction cartésienne entre le res cogitans et le res extensa. Il faut revenir à l’explication d’Aristote : « être c’est agir, agir c’est être. » Outre l’activité, soit parfaite, soit imparfaite, d’autres attributs caractérisent la substance : entre autres, l’unité, la primalité, la stabilité. L’idée de substance est aussi connexe au rapport d’opposition et d’union entre le fini et l’infini, le relatif et l’absolu. Jusqu’ici le critique est complètement avec l’auteur, Mais il ne trouve pas suffisamment clair cet aphorisme : « La dialectique n’admet ni un Dieu sans monde, ni un monde sans Dieu. » La dialectique doit nécessairement opposer à l’athéisme et au panthéisme une création, avec raison suffisante, Où placez-vous la raison suffisante de la création, dans la nécessité ou dans la liberté ? D’un côté, le panthéisme est inévitable ; de l’autre, il faut admettre la création ex nihilo. La logique inexorable nous pousse vers ces deux extrêmes : un monde sans Dieu, ou un monde développement et complément nécessaire de Dieu, extrêmes auxquels paraît contraire la doctrine de M. L. Ferri.

P. D. Ercole. L’éducation de l’enfant selon Pestalozzi, Frœbel et Spencer (1er article).

Rassegna critica.
(Ottobre 1885. — Febbraio 1886.)

A. Angiulli. « Les maladies de la personnalité. » — Exposition très nette et très consciencieuse des faits et des inductions contenus dans ce mémoire de psychologie pathologique, qui porte un coup décisif au dernier boulevard de la métaphysique. Cette monographie et les deux qui l’ont précédée ont plus de prix aux yeux de M. Angiulli « que toute une bibliothèque de psychologie spiritualiste ».

F. Puglia. L’école criminaliste positive. — L’auteur se défend, lui et ses savants confrères Ferri et Lombroso, contre les objections récemment publiées par Gabelli. Aucun criminaliste anthropologiste n’a dit que les mesures cràniques et autres, la dynamométrie, l’estésiométrie, etc., fussent des indices suffisants et sûrs du caractère fou ou criminel. On les accuse, en niant le libre arbitre, de fonder la responsabilité sur l’intelligence seule. Assurément le libre arbitre ne peut être scientifiquement soutenu. Quant à la responsabilité, elle n’est pas morale, mais sociale. L’individu est responsable seulement envers la société, qui a le droit de prendre ses précautions, pour sauvegarder en elle l’ordre et la sécurité. Ces mesures répressives changent d’ailleurs de nature avec les délinquants ; l’élimination est perpétuelle, comme moyen de défense, contre les délinquants nés ; elle est temporaire, à fin de correction, contre les délinquants occasionnels.