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observations et documents

s’appliquent seulement au syllogisme commun et non au syilogisme expositoire. Celui-ci a des lois particulières beaucoup plus simples et moins nombreuses.

Appliquons maintenant ces quelques distinctions aux règles particulières que l’auteur de l’article a critiquées.

I. — Règles du syllogisme.

1re Règle : Aut semel aut iterum medius generaliter esto.

Quel est le sens de cette règle ? Un terme singulier peut, dans certains cas, avoir la valeur d’un terme général, mais il reste toujours singulier, et c’est faire violence à la langue et à la raison que de l’appeler universel (unum versus alia).

Il ne s’agit donc ici d’un moyen terme commun, c’est-à-dire, comme nous l’avons expliqué plus haut, d’un terme qui peut se prendre avec différence d’extension. Dans le syllogisme expositoire cette règle n’a plus de valeur, et même elle devient incompréhensible.

2e Règle : Utraque si præmissa neget, nil inde sequetur.

Nier cette règle, c’est, à mon avis, détruire le syllogisme par la base, car si les notions sont toutes deux étrangères au moyen terme, que pouvons-nous connaître sur les rapports directs qu’elles peuvent avoir ou ne pas avoir entre elles ? Mais ce syllogisme « m’apprend au moins qu’une certaine chose, exclue du grand terme, est en même temps exclue du petit terme. » Admettons-le, mais alors vous introduisez dans la conclusion un terme qui ne se trouve pas dans les prémisses ; au lieu de trois termes vous en avez quatre et vous renversez la règle fondamentale de tout syllogisme (Terminus esto triplex).

Je prends l’exemple que vous donnez vous-même :

Je ne suis pas heureux,
Je ne suis pas savant,
Quelque non-savant n’est pas heureux.

Non-savant est un quatrième terme qui ne se trouve ni dans la majeure, ni dans la mineure. Il peut y avoir un lien entre ces trois propositions, mais assurément elles sont loin de former un syllogisme parfait.

Autre exemple :

Pierre ne connaît point Paul,
Pierre ne connaît pas Jacques.

Donc il y a un homme qui ne connaît pas plus Paul que Jacques.

Est-ce là un syllogisme ? Dans la conclusion, au lieu d’unir immédiatement les deux extrêmes, vous les comparez à nouveau avec le moyen terme « Pierre » ou « Il y a un homme qui ».

D’ailleurs « ne pas connaître » et « ne connaître pas plus que » sont deux termes différents, et ainsi votre syllogisme pèche encore contre la première règle (Terminus esto triplex).

3e Règle : Nil sequitur geminis ex particularibus unquam.