Page:Revue philosophique de la France et de l’étranger, tome XXI, 1886.djvu/552

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
548
revue philosophique

pas moins. D’ailleurs, si nous tenons compte de ce fait que, pendant la vie fœtale, toutes les excitations ne nous arrivent que transformées en mouvement, il nous répugnera moins : d’admettre que la sensation musculaire (sens de la pression pour Île fœtus) est l’élément primordial de la sensibilité et peut-être seul indispensable.

Lorsque nous entendons un son articulé, lorsque nous voyons un mot écrit ou lorsque nous en avons la représentation mentale, il se produit dans tout l’organisme un mouvement d’une forme particulière, dont la sensation se manifeste surtout dans les muscles en rapport avec la production de ces signes. Mais de ce que ce mouvement existe nécessairement, il ne s’ensuit pas que tout le monde en ait la sensation consciente ; et inversement, il peut arriver que la sensation musculaire soit assez intense pour obscurcir la sensation de l’image visuelle ou auditive. C’est sur ce dernier point que porte au fond la contestation entre M. Stncker et ses adversaires : il a raison, mais ils n’ont pas tort, Il faut remarquer que le mouvement que l’on perçoit c’est déjà la parole extérieure ; la parole intérieure est constituée par ce qui précède le mouvement, c’est-à-dire par l’image du mot, qui peut être visuelle ou auditive suivant l’éducation du sujet et son aptitude motive. Le mouvement étant la conséquence nécessaire de toute représentation mentale, de toute image, il peut être difficile de séparer dans la conscience l’effet de la cause ; mais ils ne sont pas moins distincts.

Ch. Féré.

CORRESPONDANCE

Liège, le 4 avril 1886.
Mon cher Directeur,

Dans la livraison de ce mois de la Revue, je lis un article bien curieux d’un néo-scolastique sur les modes du syllogisme. Il rappelle que d’après l’école, sur 64 modes possibles, 19 seulement sont valables. Il passe ensuite à la critique des deux règles suivantes : On ne peut rien conclure ni de deux prémisses négatives, ni de deux prémisses particulières. Enfin il se livre à une critique judicieuse des règles particulières à chaque figure. Il indique des cas où elles sont en défaut.

Vous vous souvenez sans doute, mais vos lecteurs ne s’en souviendront pas, que, dans la première année de la Revue, vous avez bien voulu insérer mes spéculations sur la logique algorithmique[1] (sep-

  1. Tirées à part sous ce titre : Logique algorithmique : Essai sur un système