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rique, comme contenant le secret de la régénération à la fois de l’individu et de la nation.

Il y a dans ce livre une dépense de travail considérable et en même temps un effort très sincère pour réconcilier la philosophie avec la religion, d’une part ; de l’autre, pour trouver une formule qui, dépouillée du mystère et de l’obscurité des solutions qui ont longtemps prévalu, soit directement applicable à la vie morale et au progrès social. Nous recommandons volontiers l’étude du livre de M. Perrin aux esprits qu’inquiètent à la fois le divorce entre les données courantes de la théologie et celles de la philosophie moderne, et l’écart entre les métaphysiques adverses de la religion et de la philosophie et les besoins pratiques, dont la considération de l’état de la société contemporaine et de ses désiderata les plus pressants fait ressortir l’existence et les exigences. C’est une noble tâche que de chercher, à l’aide des données de l’histoire tant philosophique que religieuse et en s’appuyant sur les travaux de la psychologie moderne, une solution au dualisme de la pensée traditionnelle et des nécessités de l’action présente. C’est un beau rêve que d’avoir conçu la formule d’une réconciliation, dont le souci a hanté tant de bons esprits. Est-ce plus qu’un rêve ?

En terminant cette Revue, nous ne songerons pas à nous excuser à l’endroit de nos lecteurs des développements qu’elle a pris sous notre plume, mais plutôt à l’égard d’auteurs et de livres d’un réel mérite, de la brièveté avec laquelle nous avons dû présenter leurs œuvres au public. L’année 1885 nous a apporté une récolte aussi variée que savoureuse. Il n’est aucun des dix ouvrages que nous avons analysés qui n’ait sa valeur propre ; plusieurs d’entre eux offrent même une importance et un intérêt exceptionnels, qui justifieraient un compte rendu spécial et détaillé. L’impression d’ensemble qui se dégage de l’examen auquel nous nous sommes livré, est celle d’un sérieux progrès dans l’intelligence de questions qui réclament chez ceux qui les abordent l’emploi d’une méthode précise et une grande indépendance de vues,

Maurice Vernes.